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  • Photo du rédacteurMarie D

Quand la question de la vocation religieuse se pose (3ème partie)

Quelques éléments pour un discernement…


Nous poursuivons notre réflexion commencée dans deux premières publications, ici et . Il s’agit de quelques remarques sur ce thème, quelques repères, quelques éclairages peut-être. Cet article est composé à partir de mes lectures, de mon expérience personnelle, de ma formation, d’entretiens avec des religieuses ; il n’a pas argument d’autorité. Pour un enseignement à proprement parler, plus rigoureux, il faudrait se tourner vers une personne plus compétente, un prêtre formé, une maîtresse des novices, un accompagnateur formé par l’Église au service des vocations… J’indique quelques pistes en fin d’article, pour approfondir le sujet.



Dans la 1ère partie, nous avons abordé les questions :

Qu’est-ce qu’un état de vie ?

Qu’est-ce que la vocation ?

Qu’est-ce que le choix d’un état de vie ?

Qu’est-ce que l’appel à la vie religieuse ?


Dans la 2ème partie, nous avons abordé les questions :

Qu’est-ce qu’aimer ?

En quoi aimer me donne-t-il de grandir en liberté ?

Et Dieu dans tout ça ?

Comment voir les signes de la présence de l’Esprit-Saint ?

Comment Dieu appelle-t-Il ?


Dans cette 3ème partie, nous aborderons les questions :

Que faire de nos doutes ?

Comment faire la différence entre le mal-être et les tentations qui nous écartent de la volonté de Dieu ?

Comment ajuster, dans mon discernement, la part de projet personnel, et la part d’abandon à la volonté de Dieu ?


Enfin, dans la 4ème et dernière partie, nous proposerons des pistes concrètes :

Concrètement, comment répondre à ce que je pense être un appel à la vie religieuse ?


(Il s’agit de remarques lues ou entendues çà et là. Lorsque j’ai indiqué la source dans mes archives personnelles, je la précise dans cet article.)




Que faire de nos doutes ?

Doutes, découragement, ennui : c’est normal ; apprenons la patience et la persévérance.

Discerner, c’est bâtir. Rien de grand ne se bâtit en un jour. Nous rencontrons tôt ou tard des moments de doute, de découragement, d’ennui. Nous sommes alors invités à choisir de persévérer, en dépit des dégoûts et des lassitudes. Apprendre la patience ; partout nous serons purifiés de nos projets, quels qu’ils soient.


Hésitations : c’est normal ; mais il faut se lancer.

J’ai quasiment la conviction que je suis appelé à m’engager dans la vie religieuse ; et j’hésite. C’est normal, car prendre un tel engagement de vie est sérieux, conséquent. Néanmoins, il y a un temps pour discerner, plus ou moins long selon chaque personne ; et un jour, il faut se décider.

J’ai pris le temps de la réflexion accompagnée de conseil ; j’ai laissé du temps pour mûrir le fruit de ma réflexion ; je vois que ce moyen de la vie religieuse dans tel Institut est le moyen le plus adéquat pour moi. Un jour, c’est le moment de décider. Et alors, toute hésitation qui vient parasiter ma décision est à confronter à cette décision : la cause d’hésitation remet-elle en question le bien-fondé de mon discernement ou est-ce seulement un point qui « dégonfle » quand je pose tranquillement les pions ?


Peurs : pour les dépasser, affrontons-les.

J’ai peur ? Certaines peurs sont saines, parce qu’il y a parfois un vrai danger : exercice d’autorité mal positionné dans la communauté, pressions affectives qui ne laissent pas la personne libre… Il s’agit alors de déterminer la cause de ces peurs. De quoi ai-je peur ? Il se peut que cette communauté soit saine de fonctionnement, mais pas faite pour moi !

La peur doit être dépassée, mais elle ne doit pas être ignorée, mise de côté. Elle doit être regardée en face et accompagnée. Quand elle est apprivoisée, alors elle peut être assumée. L’appel à une vocation religieuse est un dépassement de la nature, mais pas une violence faite à cette nature.



Dieu aime un cœur sans partage.

Qu’est-ce qu’un cœur sans partage ?

C’est un cœur qui sait qu’il a choisi et qui ne revient pas dessus. Une fois engagé dans une voie, ce n’est pas le moment de rêver – « si j’avais… » , ou de nourrir des regards d’envie sur une autre vie hypothétique.




Comment faire la différence entre le mal-être et les tentations qui nous écartent de la volonté de Dieu ?


Si la joie est profonde, et que le trouble est en surface, il s’agit certainement de tentations, à examiner. N’hésitons pas à nous ouvrir de toutes nos tentations à notre accompagnateur spirituel ; car le démon continue de travailler quand on reste seul. Toujours, le réel s’identifie, s’accueille et s’accompagne. Parfois l’accompagnement est rapide : un bon fou rire, un acte conscient de mise à l’écart… Mais avant, la phase d’identification est nécessaire.


Si les troubles sont ancrés au fond et que nous émergeons dans un semblant de joie pour essayer de donner le change ou de penser aller bien, il s’agit peut-être davantage d’un mal-être ; nous sommes alors invités à revoir le choix posé.


Il arrive de se dire : « En faisant ceci, je trahirais Jésus, donc je reste dans le choix que j’ai posé, je ne change rien ». En réalité, c’est parfois aussi le contraire : en restant dans un choix, ce peut être une tentation, une trahison de Jésus.

Si je suis à tel endroit, Dieu m’y accompagne ; Il m’accompagne là, aujourd’hui. Après, cela peut changer, selon le discernement personnel et toujours en suivant l’éclairage d’un accompagnateur spirituel. Ce passage n’est pas une parenthèse dans ma vie, heureuse ou malheureuse. C’est ma vie, celle par laquelle Jésus et moi rendons gloire au Père.



Quelques critères de mon choix de la vie religieuse pourraient être :

Les fruits de l’Esprit, donnés dans la Parole de Dieu : « Le fruit de l’Esprit est : charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi » (St Paul aux Galates 5, 22)

La joie donc, mais aussi la liberté intérieure ; l’obéissance sain(t)e ; le fait que « je reste moi-même » ; le désir et l’aptitude à vivre l’apostolat propre à la communauté choisie ; la capacité à vivre de solitude ; la soif de contemplation, d’union à Dieu seul ; un lien avec le Seigneur qui se libère, s’intensifie, grandit, même si ce n’est pas sensible.



Parfois, un travail personnel est à faire avant de poser tout choix : accompagnement personnel, éducation de la vie affective, accompagnement psychologique qui permet de mettre des mots sur des blessures pour éviter d’être enfermé dedans. Choisir un état de vie, c’est poser un choix libre. Il convient donc d’être, non pas exempt de blessures, mais libre vis-à-vis de ses blessures.

Ce travail est celui de toute une vie. Le Seigneur n’appelle pas des gens parfaitement équilibrés, pour qui tout roule… Certaines blessures peuvent certes être un obstacle (blessures affectives invalidantes dans le rapport à son corps et à celui des autres ; troubles psychiatriques ; incapacité à vivre en communauté ; etc.). Mais la plupart sont juste un donné de la vie que j’ai à offrir au Seigneur à travers un accompagnement adéquat, une vie théologale qui s’appuie sur le Seigneur. Il connaît, Lui, le cœur de l’homme. Et Il s’engage à son égard de telle sorte que même ces blessures douloureuses, qui alourdissent la route (encore une fois, exceptées celles évoquées ci-dessus), deviennent des occasions de Lui être plus consacré. Travail humain de lucidité, de remise totale et concrète de sa vie en la conduite miséricordieuse du Seigneur.



Comme nous l’avons vu en 2ème partie, la question n’est pas d’être sûr de faire le bon choix. Il n’y a aucun déterminisme. Mon discernement consiste à choisir le choix qui me semble le meilleur pour moi qui me laisse comme dépasser par la force que m’offre l’appel du Seigneur. Et Dieu s’engage à m’accompagner dans mon choix. Si, pour une raison objective, je suis amené à modifier mon choix, Dieu m’accompagne comme un Père très aimant. Le Seigneur Lui-même est engagé dans le choix que je pose. Il me respecte infiniment, et dans ce respect, Il me précède, me porte, m’attire et me porte plus loin que moi-même.




Comment ajuster, dans mon discernement, la part de projet personnel, et la part d’abandon à la volonté de Dieu ?


Ce choix est à la fois un abandon à Dieu, et un engagement responsable.

Quelque chose de notre vocation nous échappe. La vocation est une aventure. Acceptons de nous laisser guider dans un inconnu qui nous surprend, de nous ouvrir aux surprises du Bon Dieu.

N’attendons pas que tout nous arrive comme un fruit tombe de l’arbre, mais prenons une part active et intelligente à un projet qui est nôtre, et dont nous ignorons presque tout. Dieu ne s’engage pas sans nous.


Nous sommes responsables de nous-mêmes, à nos propres yeux et aux yeux de Dieu. Si nous attendons que Dieu agisse à notre place ou bien nous dicte ce que nous devons faire, nous risquons d’attendre longtemps. Ce n’est pas ainsi que Dieu gouverne, Il se refuse à faire de nous des marionnettes. Il veut que nous soyons libres, comme Lui, que nous prenions des risques, comme Lui. (Père T-D Humbrecht)


Il nous faut articuler humilité, liberté et responsabilité. N’ayons pas peur de vivre NOTRE vie.


Il est nécessaire de faire appel à un accompagnateur spirituel qui peut écouter nos questions et donner quelques repères pour nous aider à trouver nous-mêmes des réponses à nos questions. Nous l’avons vu dans la 2ème partie, cet accompagnateur se fait témoin de l’action de l’Esprit-Saint. Il est important de ne pas s’éparpiller, de ne pas aller chercher conseil à droite à gauche. L’Esprit Saint n’est pas divisé. Si on m’indique de nombreux chemins, je n’avance pas. Néanmoins, l’Esprit-Saint peut me parler par telle ou telle autre personne. Je suis alors invité à apporter ces éléments à la lumière du Seigneur dans l’échange avec mon accompagnateur. Il n’est pas le tout du canal que Dieu prend pour m’aider sur ma route. Mais il est celui qui m’aide à discerner dans l’unité de ma vie la conduite de l’Esprit-Saint.


Je suis appelé à vivre ma vie, discerner mes désirs, porter du fruit – beaucoup de fruit –, là où je suis, avec ce que je suis, à ma manière propre – je ne fais pas de copié/collé.

« Nous sommes tous nés comme des originaux, mais beaucoup d’entre nous meurent comme des photocopies. » Bienheureux Carlo Acutis

Pour mener notre discernement, la prière tient une grande place : tout dire à Jésus (nos désirs, nos attentes, nos peurs) ; tout Lui abandonner ; choisir de préférer l’incertitude à vue humaine, avec Lui, plutôt que notre propre auto-projet, avant Lui et sans Lui ; L’écouter beaucoup dans le silence de la prière, dans l’écho de sa Parole en moi.




Pour aller plus loin, liste de livres non exhaustive :

Lettre aux jeunes sur les vocations, Thierry-Dominique Humbrecht

Une liste est proposée ici sur ce thème :



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