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Petit guide d’une maîtresse de maison en vacances

A l’attention de celles qui ont l’habitude de tout faire


L’été est bel et bien là, et avec lui ses vacances qui arrivent à grands pas. Et vous, bizarrement, vous les attendez autant que vous les appréhendez.

Quelques souvenirs de l’an dernier vous sont encore au travers de la gorge : tout le monde s’est reposé. Tout le monde, sauf vous, qui avez été au four et au moulin tout l’été ! Vous repensez à ces apéros en terrasse que vous avez ratés parce que vous prépariez encore le repas, ou à ces parties de jeux jamais achevées parce que le rythme faisait que vos enfants se réveillaient de leur sieste tout juste après que le déjeuner des adultes se soit terminé. Difficile à digérer, aussi, toutes les remarques de votre maman ou de votre belle-maman, qui font qu’aux rares fois où vous vous posez dans une chaise longue, vous culpabilisez en l’entendant soupirer et déjà préparer le dîner à peine sortie du déjeuner.


Que la maîtresse de maison le soit encore pendant les vacances, parce qu’elle est chez elle, ou qu’elle doive accepter d’être rétrogradée en allant chez les autres, il n’est pas facile pour elle de vivre de vraies vacances. Voici donc quelques pistes pour que tous puissent se reposer.


Que nous dit la Parole de Dieu ?


L’Evangile de Marthe et Marie pourrait nous laisser penser que Jésus n’accorde aucune importance au service de la maîtresse de maison. Pourtant, c’est oublier que ce passage de saint Luc (chapitre 10, 38-42) arrive juste après la parabole du bon Samaritain, qui met le service et l’attention au prochain à l’honneur. Prenons le temps de le relire pour comprendre ce qui, dans nos attitudes, doit être réajusté :


« Chemin faisant, Jésus entra dans un village. Une femme nommée Marthe le reçut. Elle avait une sœur appelée Marie qui, s’étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole. Quant à Marthe, elle était accaparée par les multiples occupations du service. Elle intervint et dit : ‘’Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissé faire seule le service ? Dis-lui donc de m’aider.’’ Le Seigneur lui répondit : ‘’Marthe, Marthe, tu te donnes du souci et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée’’. »


Marthe est celle qui reçoit Jésus, et ce n’est pas rien ! Elle est accueillante, elle ouvre sa porte au Christ. Le rôle de la maîtresse de maison est primordial : sans sa disposition à accueillir, impossibilité de se réunir.


Ce que l’Évangile pointe du doigt ici, c’est une attitude d’accaparement, d’agitation, d’inquiétude. Et devant cela, Jésus ne dit pas « oh ma pauvre petite Marthe ! ». D’une certaine manière, Jésus n’entre pas dans le jeu de Marthe ; la réponse de Jésus peut de prime abord paraître dure à l’égard de Marthe. Pourtant, elle est profondément libératrice. Jésus interpelle Marthe : il essaye de l’apaiser en répétant deux fois son prénom pour qu’elle soit disposée à écouter. Puis Il la met face à ses choix : Marthe est responsable de la situation dans laquelle elle s’est mise, à savoir tout faire et se couper de la relation.


J’entends déjà des maîtresses de maison qui vont me dire que si Marthe s’était assise comme Marie aux pieds du Seigneur, personne ne se serait occupé de préparer le repas, et qu’il faut bien que quelqu’un renonce à « la meilleure part » pour que les choses se fassent. Attention ! Vous êtes en train de justifier votre activisme, sans saisir l’occasion de comprendre la parole que le Seigneur nous adresse.




A l’attention de celles qui auront maison pleine cet été :


Que vous soyez mère ou grand-mère, si vous ouvrez les portes de votre maison cet été, ou avez pris en main l’organisation des vacances familiales, il y a fort à parier que vous soyez souvent tiraillées entre la nécessité d’endosser le rôle de Marthe mais le désir profond – car tout cœur y aspire – de jouer le rôle de Marie. Voici quelques pièges à éviter, et quelques astuces pour y remédier :


1- Se prendre pour Dieu en sa maison : « Je suis CHEZ MOI »


Oui, c’est vrai. Et c’est parfois difficile de voir nos habitudes malmenées par nos invités qui débarrassent le lave-vaisselle sans avoir vu que les couteaux en inox ne se rangent pas dans le tiroir des couverts au manche rouge, ou qui laissent systématiquement la porte des toilettes ouverte. La tentation est forte alors de vouloir tout faire, ou tout refaire derrière eux, et voilà que vous allez vous épuiser à vouloir tout contrôler.


Derrière le contrôle, il y a une disposition du cœur qui n’est pas ajustée. Recevoir ne doit pas être l’occasion d’exercer une main mise sur les autres, ni même un pouvoir en sa maison. Recevoir l’autre implique de se mettre humblement au service de la maisonnée, afin de permettre à tous de passer de bonnes vacances. Cela suppose de se laisser bousculer par ses hôtes et de renoncer à une forme de perfectionnisme. « Marie a choisi la meilleure part » ; quelle est-elle ? Celle de se mettre aux pieds de celui qui est reçu et de l’écouter.


Dès lors, la maîtresse de maison est invitée à prendre du recul face à l’imprévu : lâchez, lâchez prise Mesdames ! L’autre est un mystère qui nous dépasse et il est normal que nous ayons des habitudes quotidiennes différentes.


Astuce : laissez les autres mettre la main à la pâte en acceptant que ce ne soit pas exactement comme vous l’auriez fait. Ainsi seulement vous laisserez à vos hôtes la place qui leur revient en les estimant capables de donner eux aussi, et de servir.


Astuce : étiquetez les placard/tiroirs de la cuisine pour permettre à chacun de mieux s’y repérer sans avoir à vous solliciter en permanence.


2- L’activisme forcené : « J’ai l’impression de TOUT faire »


Les courses, les menus, le repas, le ménage. Tout. Et pendant ce temps, ils vont à la plage, au bord de la piscine ou en balade. Et quand ils arrivent la bouche en cœur pour vous demander ce qu’ils peuvent faire pour vous aider, vous bouillonnez intérieurement parce que vous venez d’enfourner le dîner, et qu’il ne reste que le couvert à mettre, de toute manière. Si vous avez l’impression de tout faire, demandez-vous si vous avez laissé à l’autre suffisamment d’espace pour qu’il puisse vous soulager. Si à 10 heures du matin vous êtes déjà en train d’éplucher les pommes de terre pour le déjeuner, il faut reconnaître que c’est fatiguant pour tout le monde. Sans doute vos enfants ou petits-enfants seraient heureux de mettre la main à la pâte, mais il est légitime qu’ils occupent leur temps également par d’autres activités.

Regardons de nouveau Marthe : elle ne profite pas de son invité car elle est tout affairée à bien le recevoir. Elle se réfugie dans le faire, au point d’être absente, quand Marie se contente d’être présente à Jésus. L’intention peut être noble : vouloir honorer la présence de l’hôte. Pourtant, lorsque nous faisons comme Marthe, examinons bien notre cœur : n’y a-t-il pas, derrière l’activisme intensif, un manque d’estime de soi ? Bien souvent, nous avons peur de ne pas être à la hauteur, peur d’être inutile, peur de ce que l’autre va penser de notre accueil si tout n’est pas parfait. Nous avons parfois peur que nos hôtes ne reviennent pas si nous ne répondons pas à tous leurs désirs – que bien souvent nous leur plaquons alors qu’ils n’en demandent pas tant. Et voilà que l’estime de nous-mêmes se réduit petit à petit à ce que nous faisons plus qu’à ce que nous sommes. Mais si je suis une merveille, pourquoi priver mes hôtes de ma présence ? Pourquoi penser que je vais être jugée ?


Il est alors urgent d’apprendre à faire moins, afin de voir que nous sommes beaucoup plus que ce que nous faisons.



Astuce : passez du temps dans votre chaise longue, prenez le temps pour une balade, une baignade, une sieste, prenez le temps de jouer et de lire, et donnez ainsi la permission aux autres de faire de même.


Astuce : voyez les choses plus simplement. Quand nous sommes nombreux, il n’est pas forcément nécessaire de jouer à top chef pour tous les repas. Des salades estivales vite préparées n’en seront pas moins délicieuses et nul besoin de prendre systématiquement le grand service qui exige de faire la vaisselle à la main pour que les tablées soient conviviales. Éventuellement, vous pouvez donner un peu plus de saveur et de soin au repas dominical, mais le reste de la semaine, simplifiez-vous la tâche. Votre époux, vos enfants et petits-enfants seront d'autant plus heureux de vous voir détendue.


3- « Si je ne m’active pas, PERSONNE ne se bouge » ou la victimisation orgueilleuse :


Faux. Vous n’avez jamais essayé de ne rien faire ; vous en êtes incapable. Si vous examinez bien le fond de votre cœur, il y a cette idée que vous savez mieux faire que les autres. Et c’est d’ailleurs pour cela qu’au lieu de demander simplement de l’aide, vous ne faites que vous plaindre et râler. Et ce faisant, vous gâchez vos vacances et celles des autres. Il y a un service des autres qui est un anti-service. D’abord parce qu’il n’y a pas la dose d’amour suffisante pour l’alléger, ensuite parce qu'à la place, il y a le calcul et la comparaison qui le rendent amère.


Mais surtout, vous rêvez que l’on devine ce dont vous avez besoin. Or c’est refuser l’altérité qui fait que l’autre peut ne pas saisir ce dont vous avez besoin si vous ne l’exprimez pas clairement. Une maman cherche à comprendre les besoins de son enfant, mais vous, vous n’êtes plus un enfant et donc personne n'a le devoir de saisir vos besoins avant que vous ne les exprimiez. Il s’agit donc de sortir du rôle de la victime.


Dans cet évangile, Marthe joue la victime. Au lieu de demander simplement à Marie de l’aider, elle juge l’attitude de sa sœur et pense d’emblée être dans son bon droit en commandant à Jésus ce qu’il doit faire : « dis-lui donc de m’aider ». Dans la parole de Marthe, on peut sentir le soupir qui nous habite parfois quand nous aimerions bien que les autres voient que nous avons besoin d’eux sans avoir à le leur demander, et la jalousie qui s’immisce au fond de notre âme.


Être adulte, c’est apprendre à demander les choses simplement, sans reproche. Non parce qu’elles sont dues, mais parce qu’il y a une certaine humilité à reconnaître que l’on a besoin d’aide. C’est faire acte de charité que de laisser à son prochain la possibilité d’exercer la charité. Et c’est faire acte d’humilité que de reconnaître l’autre capable de prendre ma place.



Astuce : exprimez des demandes explicites, sans aucun reproche (n’oubliez pas que vous avez une grande part de responsabilité dans le fait que vous fassiez tout), et remerciez ceux qui y répondent favorablement.


Astuce : l’intendance étant ce qu’il y a de plus lourd, répartissez les jours de vacances entre les différentes familles ou membres de la famille : à chacun son jour ! Laissez-les 100% libres des menus, laissez-les faire les courses et cuisiner, et surtout, ne mettez pas les pieds dans votre cuisine. Contentez-vous d’attendre que l’on vous appelle à table. En un mot : SAVOUREZ.


4- « Je ne dis rien, sinon ils ne viendront plus » ou la peur au ventre :


Quand les familles s’agrandissent, force est de constater que l’accueil au sein d’une maison de plusieurs foyers d’une même famille peut mettre au jour des différences d’éducation, d’intérêt et de rythme qui ne sont pas toujours faciles à gérer. Parfois, être maîtresse de maison, c’est aussi être témoin des tensions qui peuvent naître de ces différences et regretter que notre petit cocon familial soit bousculé par de nouvelles habitudes.


La maîtresse de maison a alors un rôle essentiel pour favoriser l’unité là où chacun peut être tenté de faire comme bon lui semble, sans toujours avoir en tête le bien commun. Loin d’être un hôtel, la maison familiale implique une vie commune. D’où l’importance pour tous que la maîtresse de maison joue son rôle en essayant de proposer un rythme suffisamment souple pour que tous les états de vie et tranches d’âge y trouvent leur joie, suffisamment clair pour que l’anarchie ne viennent pas faire reposer systématiquement sur les mêmes épaules plus attentionnées le poids de toute la maisonnée.


C’est pourquoi, il est bon que la maîtresse de maison donne une ligne directrice pour une bonne organisation. L’absence de directive, sous prétexte de ne vouloir froisser personne, engendre une forme d’anarchie qui s’avère souvent plus éprouvante que reposante.



Astuce : Fixez des horaires de repas. Si les repas des "grands" sont fixés, les parents peuvent s’organiser en conséquence pour faire déjeuner ou dîner les enfants avant et ainsi les coucher à temps. Les autres peuvent alors vaquer plus facilement à leur occupation sans avoir l’impression de tourner en rond.


Astuce : Demander à chacun d’inscrire avant 10h sa présence ou non aux repas de la journée sur un tableau. Cela permet une plus grande souplesse. Si le soleil le permet, certains seront peut-être heureux de prévoir une randonnée à la journée.



A l’attention de celles qui seront rétrogradées cet été :


Vous rêvez de vacances. Mais vous avez déjà le ventre noué à l’idée de passer deux semaines chez vos parents ou beaux-parents. Vous avez bien conscience d’être pour eux de vrais « chicoufs » – chic, ils arrivent ! Ouf, ils repartent – et les séjours de plus de trois jours s’avèrent parfois compliqués. Habituée à tenir les rênes chez vous, vous devez accepter de vous adapter aux habitudes d’une autre maisonnée. Si votre expérience peut vous donner d'être force de proposition, vous devez veiller à ne pas imposer votre manière de faire. Et comme vous savez que c'est facile de se mettre la pression quand on est maîtresse de maison, vous pouvez faire en sorte que la pression diminue en apportant votre joie et votre bonne humeur.


Astuce : Donnez à lire cet article à votre belle-mère.


Pour terminer ce billet, je voudrais exprimer ma reconnaissance pour toutes les maîtresses de maison, c’est-à-dire pour celles qui prennent en main la gestion quotidienne de la maison et qui veillent sur chaque personne qui passe le pas de leur porte. Ce rôle fait de la femme l’âme du foyer.


Là où la maîtresse de maison est stressée, il y a des tensions.

Là où la maîtresse de maison est perfectionniste, on rend service en traînant les pieds.

Là où la maîtresse de maison est attachée aux biens matériels, les enfants n’osent plus jouer.

Là où la maîtresse de maison râle et soupire, les vacances n’en sont plus.


Là où la maîtresse de maison est paisible, il y a le repos.

Là où la maîtresse de maison est heureuse, il y a la joie.

Là où la maîtresse de maison est détendue, on rend service de bon cœur.

Là où la maîtresse de maison est sereine, il est bon de passer des vacances.


Travaillons donc, cet été, à prendre ce rôle à cœur, en nous laissant travailler par la grâce, afin que toute la maisonnée puisse en bénéficier et revenir de bon cœur !

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