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Je suis merveilleuse !

Comment s'aimer soi-même




« En voilà une qui ne se prend pas pour n’importe qui » aurais-je pensé il y a quelques années en cliquant sur le lien d’un article intitulé comme le mien. J’aurais sans-doute même disserté intérieurement sur la pimbêche qui en était l’auteur ; et s’il m’était venu à l’esprit que je n’étais peut-être pas très charitable, il n’est pas impossible que je l’eusse confiée dans ma prière : « Seigneur, donnez-lui la grâce de l’humilité ». Alors, si vous aussi avez jugé que j'étais une petite prétentieuse, je ne vous en veux pas. C’est vrai, je ne me prends pas pour n’importe qui. D’ailleurs je ne suis pas n’importe qui. Et je rends grâce à Dieu pour la merveille que je suis.


« Béni sois-tu, Seigneur, de m’avoir créée ! »


Voici la dernière parole de Sainte Claire avant de rendre l’âme. Alors si vous pouvez douter de mon humilité – et vous avez raison ! –, peut-être ne douterez-vous pas autant de celle de la fondatrice des Clarisses, qui exhorta ses sœurs « à suivre toujours la voie de la sainte simplicité, de l’humilité et de la pauvreté », comme en témoigne son testament. La prière de louange que sainte Claire adresse à son Créateur dans son dernier souffle doit nous éclairer sur le chemin que nous sommes tous appelés à parcourir pour reconnaître l’œuvre de Dieu en nous.



M’aimer moi-même, voir la merveille que je suis, n’a pas été facile et cela reste un combat de tous les jours. Un combat qui me demande justement de grandir en humilité, c’est-à-dire de consentir à la place qui est la mienne. Je m’explique. Je ne suis pas Dieu. Oui, ça, vous le savez. Et bien sachez que je m’étonne parfois des mouvements de mon âme. Blessée par le péché originel, cette dernière a une petite tendance à se prendre pour Dieu !


C’est ainsi que je me retrouve souvent à la place du juge, et croyez-moi, je peux être bien sévère. En effet, contrairement à Dieu, je ne suis pas d’une bonté infinie, ni d’une justice infinie, ni d’une miséricorde infinie. Alors devant la glace le matin, devant la page blanche, ou encore après avoir perdu d’un coup vingt centimètres parce que je me suis tordu la cheville du haut de mes escarpins, je me juge tantôt moche, tantôt inintelligente au possible, ou gravement maladroite. Et encore, ces exemples ne représentent qu’une infime partie de tous les jugements que je profère à l’égard de ma personne et qui ont fait que, pendant longtemps, je me suis vue comme une femme qui avait de la chance qu’on s’intéresse à elle.


Quant aux multiples pensées ou paroles de fausse-modestie dont je suis capable, elles révèlent également la difficulté que j’ai à consentir à la place qui est la mienne, celle d’une créature à qui Dieu a donné une dignité toute particulière. Je pense par exemple à tous ces compliments que je n’ai pas su accepter, en me cachant derrière des réponses qui détournaient l’attention qui m’était portée, par une subtile pirouette féminine qui consiste à porter le discours du sujet vers l’objet : « oh tu sais, c’est juste une robe acheté en solde chez camaïeu, pas grand-chose... ». N’empêche que j’étais belle, et que la robe, si elle le révélait davantage, n’en était pas pour autant la première responsable. Il aurait été plus juste de remercier l’auteur du compliment, tout simplement, et de rendre grâce à Dieu de m’avoir ainsi créée.


Qu’il peut être difficile parfois de s’aimer soi-même, pour une femme comme pour un homme d’ailleurs ! Nous sommes tous marqués par le péché originel qui blesse notre relation à Dieu, et par là également l’amour que l’on se porte les uns à l’égard des autres, mais aussi l’amour de soi-même.


"Maître, quel est le plus grand commandement de la loi?

Jésus lui répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée.

C'est le premier et le plus grand commandement.

Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même."

Mt 22,36-39


Ainsi l’amour de Dieu, l’amour du prochain et l’amour de soi-même sont étroitement liés. L’un est néanmoins premier, car il est la source de tout amour. La loi que Dieu nous donne à travers ces deux commandements est chemin de vie, là où notre péché nous entraîne à nous dénigrer.


Comme ce n'était pas évident pour moi de m'accepter telle que j'étais, j'ai dû adopter des moyens assez concrets. Si je me permets de vous les partager, c'est que le titre de ce billet est la preuve qu'ils sont assez efficaces !



Une preuve d’amour


« Je sais que tu m’aimes, Seigneur » est une prière très simple, mais qui travaille notre cœur blessé par le péché. La méfiance de l’homme à l’égard de Dieu est une conséquence du péché originel et la grâce vient restaurer la confiance, par le don de la Foi. Une Foi en Dieu qui nous aime et qui veut notre Salut, qui désire ardemment notre bonheur. « Je sais que tu m’aimes, Seigneur ». Dieu m’aime. Il me regarde avec amour. Et si je peux me détourner de Dieu, Dieu ne se détourne pas de moi. Il me regarde avec amour. Il me connaît mieux que moi-même. Il connaît chacun des trésors qu’Il a placés en moi. C’est Lui qui m’a créée. Oui, je suis une belle personne. Je suis la fille de mon Père qui est aux Cieux. Il m’aime inconditionnellement. Et reconnaître l’amour qu’Il me porte est déjà une preuve d’amour.



Puissions-nous tous être capables de rendre grâce tous les jours pour les merveilles que nous sommes. Béni sois-tu, Seigneur, pour la merveille que je suis ! Et si ce n’est pas facile, il faut beaucoup le répéter, à haute voix, devant la glace si possible. Non, ce n’est pas être narcissique que de reconnaître que nous sommes de belles personnes. A force de le dire à haute voix, cela deviendra plus facile. Prenez le temps de sentir en vous ce qui se passe. Parfois, il y a une boule dans le ventre qui vient dire « non, je n’accepte pas d’être une merveille », et nous relevons tout ce qui ne va pas chez nous : une balafre sur le visage, un peu trop de graisse ici, pas assez là, une peau pas aussi lisse que sur les publicités retouchées, etc. Seigneur, merci de m'avoir créée. Béni sois-tu pour la merveille que je suis. Ce n'est pas grave si ça ne résonne pas comme vrai en nous au début. Il faut continuer, persévérer. Se laisser travailler par la grâce qui œuvre dans cette action de grâce. Béni sois-tu, Seigneur, pour la merveille que je suis ! Et voilà qu’au bout d’un certain temps, la prière descend dans le cœur, et c’est tout l’esprit et le corps qui gagnent à la recevoir comme vraie. Oui, je suis vraiment une merveille ! Merci Seigneur pour la vie que tu me donnes ! Le sourire devient plus naturel, et c’est tout l’entourage qui en bénéficie. Le regard bienveillant que l’on porte sur soi-même, le regard aimant, sont autant de regards préparés pour se poser sur le prochain.



La bienheureuse Vierge Marie, notre Mère, nous apprend l’humilité


La très sainte Vierge Marie, préservée du péché par les mérites de son Fils Jésus, nous révèle ce qu’est l’humilité parfaite. Quand l’ange du Seigneur vient la visiter pour lui faire part de sa vocation particulière, Marie ne dit pas « je ne suis pas à la hauteur », « je ne suis pas assez belle », « je ne suis pas digne de servir Dieu », ou encore « je pense qu’il vaudrait mieux attendre que j’habite avec Joseph, ça ferait moins de scandale ». Non, Marie ne joue pas la carte de la fausse modestie, ni celle de l’orgueil de se prendre pour plus intelligente que Dieu, elle est le parfait exemple de l’humilité. La preuve, elle choisit librement la place que le Seigneur lui donne : « Je suis la servante du Seigneur, que tout me soit fait selon ta parole ». Mère du Sauveur, Marie ne prend pas la grosse tête, elle choisit d’obéir et de servir. Et la voilà désormais Porte du Ciel, fidèle avocate des âmes de ses enfants. Dieu ne lui refuse rien, parce qu’elle est toute unie à sa divine Volonté.


Marie est parfaitement humble. Et pourtant c’est la plus belle des femmes et la plus parfaite des mères. Demandons à Marie de nous accompagner sur le chemin de l’humilité afin que nous découvrions tous les jours davantage l’œuvre de Dieu en nous, et la merveille qu’il nous donne d’être.



Accueillir tous les compliments comme un cadeau


Il est une manière de recevoir un compliment comme on reçoit le démarcheur, en le raccompagnant gentiment à la porte. Lorsque vous recevez un compliment, si vous répondez « merci, mais ce n’était pas bien compliqué à faire tu sais... », si vous vous sentez obligé de rendre un compliment à la personne qui vient de vous en faire un, ou si vous imaginez que cette dernière a une faveur à vous demander, alors c’est que vous ne l’accueillez pas vraiment.


J’étais une spécialiste en la matière. Je crois même que j’aurais pu gagner une médaille, en toute modestie bien sûr. Quand j’ai pris conscience que c’était une manière de rejeter les cadeaux du Seigneur pour moi, j’ai dû faire l’effort de ne rien rajouter après le « merci beaucoup ». Cela a été un travail de longue haleine, que je n’ai pas complètement terminé d’ailleurs, mais à force d’entrainement, je crois pouvoir dire qu’il m’est devenu plus facile - et beaucoup plus agréable - de recevoir les compliments.


Nous devrions accueillir tout compliment comme un cadeau que le Seigneur nous fait. Cela vous surprendra peut-être, mais accueillir les compliments nous donne d'en recevoir toujours plus. Comme les fleurs. Si vous accueillez celles que l'on vous offre sans ajouter le quasi systématique "il ne fallait pas", il y a fort à parier que vous aurez une maison bien fleurie. Le Seigneur qui nous aime ne se prive pas de nous le dire quand on lui ouvre la porte de notre cœur. Il passera par nombre de personnes qu’Il mettra sur notre chemin pour nous redire combien Il nous aime.


Chaque cadeau ainsi reçu est l’occasion de rendre grâce à Dieu pour ce qu’Il me donne d’être et pour ce qu’Il me donne à travers mon prochain. Je suis une merveille, merci Seigneur !



Je vous ai dit que pendant longtemps, je me voyais comme une femme qui avait de la chance qu’on s’intéresse à elle. Je suis d’autant plus heureuse aujourd’hui que je sais que les personnes qui me côtoient ont également beaucoup de chance. Et j'en rends grâce à Dieu !


A Jésus, par Marie,


Isabelle C.


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