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  • Photo du rédacteurMarie D

Voltige aérienne sur un lit d’hôpital


où l'on touche une expérience du lâcher-prise et de l’abandon



J’ai rencontré Éric dans le sillage des relations d’amitié de mon mari, pendant nos fiançailles. Le témoignage qu’il nous offre, dans sa sobriété et sa simplicité, nous donne de toucher quelque chose de la présence de Dieu au cœur de nos vies, dans l’épreuve de la maladie, ici. Éric nous donne de voir dans les sacrements dispensés par l’Église, un peu de la force de Dieu notre Père qui nous a créés, et qui continue de nous donner vie à chaque instant, en son Fils, par l’intermédiaire de son Église. Il ne s'agit pas d'une baguette magique : recevoir un sacrement n'éloigne pas la réalité de la maladie, de la souffrance, de la mort. Combien de personnes animées d'une foi profonde, d'une espérance forte, ont-elles connu elles aussi la maladie grave, et sont-elles mortes ? N'avaient-elles pas assez la foi ? Non. Le secours de la foi n'est pas une baguette magique ; mais vivre son épreuve avec foi permet de ne pas la vivre seul. Peut-être est-ce même plus facile de vivre l'abandon, le lâcher-prise, avec l'aide du Christ, en la présence de Dieu, dans la foi et l'espérance. La croix ne disparaît pas ; mais nous ne sommes plus seuls. Associés au Christ par ses sacrements, nous sommes fortifiés dans le Christ, et nous vivons nos épreuves avec le Christ, quelle qu'en soit l'issue. L’Église du Christ est alors comme « notre mère », ainsi que nous pouvons le lire dans le Catéchisme de l’Église Catholique (§ 757).



Cela fait écho à un enseignement du pape François, le 3 septembre 2014, où le pape développe cette réalité de la maternité de l’Église :


« L’Église est vraiment mère, notre mère l’Église – c’est beau de le dire comme cela : notre mère l’Église – une mère qui nous donne vie dans le Christ et qui nous fait vivre avec tous nos autres frères dans la communion de l’Esprit-Saint. (…)

Dans sa maternité, l’Église a pour modèle la Vierge Marie (…). C’est ce que les premières communautés chrétiennes avaient déjà mis en lumière et que le concile Vatican II a exprimé de manière admirable (cf. Lumen Gentium, 63-64). (…) La maternité de l’Église se situe précisément en continuité avec celle de Marie, comme son prolongement dans l’histoire. (…) Nous, chrétiens, nous ne sommes pas orphelins, nous avons une maman, nous avons une mère et c’est quelque chose de grand ! Nous ne sommes pas orphelins ! L’Église est mère, Marie est mère.

L’Église est notre mère parce qu’elle nous a mis au monde dans le baptême. Chaque fois que nous baptisons un enfant, il devient enfant de l’Église, il entre dans l’Église. Et à partir de ce jour, comme une maman attentionnée, elle nous fait grandir dans la foi (…)

L’Église nous guide et nous accompagne avec la force de l’Évangile et le soutien des sacrements. »



A la lecture du témoignage d’Éric, je trouve sur ma route un compagnon qui expérimente, au cœur de l’épreuve, ce soutien maternel de l’Église, au travers des sacrements, « signes et instruments par lesquels l’Esprit-Saint répand la grâce du Christ » dans le peuple des baptisés (CEC § 774).


Je suis heureuse de vous le partager aujourd’hui.

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Encore étudiant, Éric a ouvert en 2011 le blog des Veillées pour la Vie, répondant ainsi concrètement à l’appel à développer la culture de Vie, rêvé par le pape Jean-Paul II, initié par Benoît XVI, béni par le pape François. Ce projet était beau, dans le cœur d’Éric, et il a senti qu’il fallait le faire vivre. Avec d’autres, il a alors créé une association, pour développer, consolider un mouvement de prière et de formation, au service de la vie, mouvement dont la nécessité est confirmée par tant de témoignages bouleversants…


Éric est jeune professionnel, ingénieur géomètre-topographe. Il porte beaucoup, dans cette aventure des Veillées pour la Vie. Quand son corps est atteint d’une maladie grave…

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Un diagnostic médical redoutable.


J’avais entre les mains de grandes responsabilités et je cumulais de nombreux postes clés. J’avais pour cauchemar inconscient d’avoir un accident de voiture… Même si je m’appuyais maintenant sur une équipe d’amis fidèles, tous n’avaient pas mon ancienneté ni mon expérience pour reprendre l’affaire. Et surtout, tous n’avaient pas les codes d’accès aux différents réseaux… J’ai toujours mis un point d’honneur à ne pas imposer plus que ce que mes amis voulaient faire mais au final, je me retrouvais avec beaucoup de responsabilités sur les épaules… Il fallait déléguer, sinon, cela pouvait être dangereux pour la pérennité du mouvement.


Mon cauchemar s’est finalement réalisé : ce n’était pas un accident de camion ni de voiture, mais la survenue d’une diplopie dans le cadre d’un stress au travail se caractérisant par un dédoublement de la vue à un mètre et par des maux de tête réguliers. J’avais une tumeur cérébrale…


Ce diagnostic a été terrifiant et il aurait pu aussi être révoltant : « Comment ça, mon Dieu, une tumeur alors que je m’emploie depuis si longtemps au renouveau de la culture de Vie ? Une « tu-meurs ! » Quel nom terrifiant… ! » A vrai dire, je n’ai pas eu le temps de la révolte, car les sacrements furent une réelle grâce, tant sur le plan spirituel, moral, psychologique que physique… Les sacrements ont bel et bien été une vraie force physique ! Si vous connaissez un malade, n’hésitez pas : apportez-lui un prêtre et les sacrements.


Des amis m’ont encouragé : « Allez, Éric, on ne lâche rien ! ONLR ! » J’ai eu envie de répondre : « Sympa, les gars, mais là, c’est tout le contraire… Il faut tout larguer, se dépouiller. » Cette optique radicalement opposée aux conseils de mes amis m’a été donnée par une belle image, dont je me suis souvenu une fois rentré à l’hôpital : ce sera comme ton baptême de voltige ! En effet, la Providence m’avait amené quelques mois auparavant à vivre une expérience sensationnelle : j’ai joué de la cornemuse pour une fête organisée à l’occasion des 20 000 heures de vol d’un pilote de voltige. Celui-ci m’a demandé ce qu’il pouvait faire pour me remercier d’être venu animer cet événement. Je lui ai dit : « Si vous êtes pilote, je serai heureux de faire avec vous un baptême de l’air… » Cette réponse lui a beaucoup plu. Il a ajouté : « Oui, mais ce sera un baptême de voltige… » Parfait ! Et comme pour mon baptême, tout aussi épuisé qu’un avion en perte de vitesse, je suis parti en vrille et j’ai voulu m’accrocher, ne rien lâcher, mais j’ai très vite compris qu’il fallait faire confiance au pilote, belle métaphore de mes médecins et plus encore du Christ, As des as, qui me guideraient au-delà des turbulences vers des cieux plus tranquilles…





J’avais certes une tumeur cérébrale cancéreuse mais Dieu ne m’a pas abandonné dans l’épreuve et, par ces sacrements, Il m’a armé au combat. Et c’est peut-être là le sens de cette épreuve : est-ce que ce ne serait pas pour mieux me faire comprendre ce qu’est le combat pour la Vie ? Après tout, j’allais le vivre en moi… J’allais expérimenter au-dedans de moi cet accompagnement des malades et ce respect inconditionnel de la vie dont je me parais en défenseur anonyme auparavant…



Un oasis dans le désert.


J’ai vécu une lutte de tous les jours dans laquelle les sacrements ont été une oasis dans le désert. Les temps d’adoration sont devenus une bouffée d’oxygène… Et ma famille un soutien précieux de tous les jours… Je rends grâce aussi pour mes merveilleux médecins qui m’ont permis de m’en sortir bien vite même si dans ce domaine, l’échelle de temps se compte en années. C’est dur de se relever après avoir subi des traitements aussi puissants. C’est dur, mais c’est merveilleux ! Il y a un avant et un après, mais dans tous les cas, je peux témoigner qu’avec le Christ, cette vie est un don divin !


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Le témoignage d’Éric est visible sur le blog des Veillées pour la Vie :



Il est publié ici avec son accord.





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