Cette phrase, je l'entends souvent. Dans la bouche de beaucoup de femmes. C'est souvent les femmes qui parlent de cela, d'ailleurs. Comme si c'était important pour elles de le mentionner.
Pourquoi ?
Parce qu'aujourd'hui, un foyer où la répartition des tâches n'est pas égalitaire est vu comme un lieu où la femme est "soumise", où l'homme "domine", et où le modèle classique l'emporte sur un fonctionnement plus actuel, celui d'une société où et le père et la mère travaillent.
Or, on oublie souvent deux éléments:
- le premier, c'est la question du choix. Dans les foyers où l'un des deux parents ne travaille pas, par exemple, cela signifie qu'il fait ouvertement le choix de se dégager du temps pour prendre soin du foyer. Donc nécessairement, il est amené à faire plus que l'autre, parce que tout simplement l'autre n'est pas là. Et, si je puis me permettre, il est loin d'être oisif. Quand on me pose la question de mon activité, je réponds que je travaille à la maison. Et c'est vrai. J'entends d'ailleurs souvent dire que le travail au foyer est bien plus éreintant que beaucoup d'emplois... Parenthèse refermée.
- le second, qui rejoint le premier, concerne l'intimité du couple. Chez Mireille et Fabien, Mireille fait tout ce qui concerne l'intendance: les courses, les repas, le ménage, le linge... Fabien lui, s'occupe des petits et gros travaux de bricolage, de la voiture, du bon fonctionnement général de la maison. Mais il ne sait pas faire bouillir une casserole de pâtes. Et elle n'a jamais touché à un tournevis de sa vie. Et alors ? Peut-être que ça leur va, à EUX ?
Enfin, statistiquement, il est prouvé que pour tout ce qui concerne le soin du foyer, ce sont les femmes qui s'y collent. Pourquoi ? Soit parce qu'elles en ont envie, soit parce qu'elles n'acceptent pas que ce soit fait d'une autre manière que la leur. Une femme qui râle d'avoir trop à faire va aussi râler sur la manière dont le linge est étendu, et elle repassera par derrière. 25 % des femmes en couple avec enfant consacrent quatre heures ou plus aux tâches domestiques, contre 10 % des hommes. C'est révélateur non ? Parmi les femmes qui y consacrent plus de temps, elles le font pour leur satisfaction personnelle ou parce qu'elles veulent que cela soit bien fait.
Maintenant, trois questions: qu'est-ce qui est juste ? et comment grandir ? Comment voir le foyer ?
Ce qui est juste, c'est précisément ce qui nous fait grandir. Ce qui nous fait grandir en tant que femme, c'est de savoir rendre service, bien sûr, mais cette appétence est relativement naturelle, et la maternité nous fait baigner dans le service à longueur de journée. Donc non, ce n'est pas là notre premier combat. Notre premier combat se trouve dans le lâcher prise. Lâcher prise sur le ménage. Lâcher prise devant le lave-vaisselle qui n'est pas rempli comme on l'aurait voulu. Lâcher prise sur la manière dont sont habillés nos enfants, coiffées nos filles. Lâcher prise sur le menu du repas dominical. Lâcher prise sur le rythme de nos enfants lorsque nous les confions à une tierce personne. Lâcher prise sur l'état de leurs vêtements à la fin de la journée. Lâcher prise. C'est cela qui nous fait grandir. Accepter que le foyer ne soit pas notre petit lieu de contrôle à nous, notre zone d'influence.
Le foyer, c'est le lieu de la famille. C'est le lieu d'une petite communauté. Dans les communautés religieuses, tout le monde participe au soin du foyer. Chacun met la main à la pâte, selon ses aptitudes, bien sûr, mais personne n'est en reste de corvées, de vaisselle, de ménage et d'intendance. Pourquoi ne pas voir le foyer ainsi ? J'entends souvent, lorsqu'on me parle de mon mari ou de mes enfants: "C'est sympa, il t'aide..." ! Non, il ne m'aide pas. Il participe. Oui, à sa juste mesure, mais il participe. Il prend soin, lui aussi.
Dans son travail, on dit souvent à mon mari qu'un bon manager, c'est quelqu'un dont on ne remarque pas l'absence. C'est quelqu'un qui fait si bien son travail que la roue tourne sans lui ! Et s'il en était pareil de la femme dans son foyer ? On peut se passer de moi. Je ne suis pas indispensable. C'est cruel, mais c'est si juste ! Nos enfants ne seront pas éternellement là. Tout ce qui est matériel est important, mais c'est si secondaire à côté de l'éveil de leur petite âme jusqu'au ciel ! Je me demande souvent ce qu'il se passerait si je disparaissais aujourd'hui. Et je trouve agréable de savoir que la maison tourne lorsque je suis malade et clouée au lit ou tout simplement absente.
Alors chère maman, en ce début d'Avent, je t'invite concrètement à baisser ton niveau d'exigence avec toi-même, pour commencer, pour pouvoir le baisser avec les tiens. Sois dans l'admiration de ce qui est, plutôt que dans l'attente de ce qui n'est pas. Sois fière de ton petit qui nettoie tant bien que mal sa place à table, n'attends pas que ce soit parfait ! Contemple ces décorations qui te semblent mal accrochées dans le sapin, ces santons mal placés dans la crèche: il n'y a qu'à toi que cela pique les yeux !
Noël, c'est la course à la perfection. Va à contre-courant de cette lubie démentielle (car oui, c'est angoissant de vouloir le sapin parfait, la crèche parfaite, le repas parfait...) et accueille l'imparfait dans ta vie quotidienne.
Doux mercredi !
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