top of page

Solitude, mon amie

Chère petite Maman,


13h30. Je ronge mon frein. J’ai déjeuné, seule, j’ai effectué un bon nombre de tâches inscrites sur ma to-do list, la cuisine est impeccable, le repas de ce soir prêt dans ma tête. Je regarde ma montre.

Ce geste, je le fais souvent. Et souvent, trop souvent, l’heure que je lis m’effraie. Soit parce que le temps passe trop vite, soit parce que je suis en retard, soit parce que j’attends.

Il y a des jours où j’ai l’impression que ma vie est devenue ainsi : être pressée, avoir tant de choses à faire qu’une journée ne suffit jamais, ou attendre.


J’ai rarement, dans mes journées, plus d’une heure de libre. Une heure, c’est énorme. Jeune maman, je me sentais incapable de me réjouir même de quelques minutes de répit… Et maintenant, je glane ces minutes et je tente de les savourer le plus possible.


Mais voilà. Maintenant, mes enfants vont à l’école. La plus petite a quelques jours de crèche. Si bien que ce qui devait arriver arrive : j’ai du temps.


Je suis littéralement désarmée. Je vois à quel point je pourrais ne rien faire de ce temps : regarder un film en pleine journée, faire du shopping, manger…

Je vois aussi que je pourrais me disperser : tri, ménage, linge, ou tout un tas de choses qui trottent dans ma tête en permanence.


Je réalise que je suis incapable d’être seule. Je me sens comme une petite grand-mère qui a vécu tout ce qu’elle avait à vivre, qui se confronte à sa finitude, et qui l’accepte.

La différence, c’est que je n’ai pas vécu tout ce que j’avais à vivre. Et l’autre différence, c’est que ma finitude, je ne suis pas si sûre de l’accepter.


Toute la journée, je suis celle qui pourvoit, qui pense, qui anticipe, qui prépare, qui emmène, qui ramène, qui explique, qui parlemente, qui écoute, qui construit, qui joue, qui lave, qui cuisine, qui range ; la première levée et la dernière couchée, à peu de choses près.


Mais le temps est peut-être venu de me confronter à ce que l’on appelle, dans le jargon, la solitude originelle.




La solitude originelle ?


Nous avons vocation au bonheur, oui. Il est bon et normal de s’épanouir, surtout lorsque l’on est mère et que l’on expérimente la joie du mariage et de la parentalité. Cependant, la solitude originelle nous apporte une expérience unique puisque nous découvrons que même dans notre vie merveilleuse, il nous manque quelque chose, ou plutôt quelqu’un.


Ce quelqu’un, c’est Dieu.


L’hiver est sombre, froid, et pluvieux pour la plupart d’entre nous. Nous manquons de lumière. On parle de « blue monday », le lundi le plus déprimant de l’année.


C’est l’occasion ou jamais, chère petite maman, de te recentrer dans ton quotidien sur ce qui est essentiel et sur ce qui fait la différence dans ta vie : la présence de Dieu.

C’est l’occasion de renouer avec la prière personnelle.


C’est l’occasion de te taire, de poser ton téléphone, de ne pas forcément vouloir combler un vide, un manque en toi. C’est l’occasion de regarder ce vide en face, le vide de ton existence, car oui, nous ne sommes pas grand chose dans le tourbillon de cette vie. Nous ne sommes rien, sans celui qui a insufflé la vie en nous, justement. C’est l’occasion d’accueillir ce manque, celui-là même qui te mettra en mouvement.


Reprenons-en conscience : lorsque Saint Paul parle de sa relation à Dieu, il dit: « Il m’est apparu à moi, l’avorton. »


Je ne suis pas toute puissante dans ma vie. Je ne suis pas la seule à pouvoir faire ce que je fais. Je suis importante aux yeux de Dieu car il m’a voulue de toute éternité. Mais ce qu’il veut, avant toute action, avant toute chose, c’est mon être. Mon âme. Il veut accéder à mon cœur pour le combler en plénitude.


Notre société valorise l’agir, le processus, la méthode, la technique. Qu’en est-il de l’être ? De la contemplation ? De l’humilité ?


Soyons ces sentinelles, ces petites lumières dans la nuit, oui ! Mais pour cela, soyons capables de nous retirer à l’intérieur de nous, là où se trouve le Roi des Rois, dans le secret de notre cœur. A défaut de pouvoir nous gaver de la chaleur du soleil, exposons-nous à la lumière du Christ et laissons-le rayonner sur nous, pour ensuite rayonner à notre tour.


« Lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. »

2 Co, 12 :10

3 commentaires
bottom of page