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Connaissez vous les héroïnes de la littérature classique ?



Vous errez dans les allées de votre librairie préférée… c’est l’été après tout ! A la montagne, dans son jardin, sur une plage, entre deux jeux de société ou à l’occasion d’une sieste, ne dit-on pas qu’il faudrait « en profiter pour lire » ! Quelle corvée ! Lire… Mais pourquoi faire ? Que c’est vieillot… Et puis c’est tellement plus simple de se divertir avec un film, une série, un podcast, une vidéo, un jeu en ligne ou, bien sur, les omniprésents réseaux sociaux ??


Mais lire… Lire !! Qui ne s’est jamais perdu dans son roman préféré, avant d’en être tiré comme d’un rêve en ayant perdu toute notion du temps, n’a jamais lu… J’envie souvent les lecteurs d’autrefois, qui pour s’évader n’avaient qu’à visiter leur ami libraire (comme Belle :) ), et n’avaient pas la tentation du smartphone à portée de main… J’envie les précieuses des Salons qui vibraient ensemble à la lecture de Madame de Lafayette, ou le cercle de Mathilde Bonaparte qui riaient en écoutant les chroniques des frères Goncourt par les auteurs eux-mêmes.


Mais à l’ère d’Instagram et de Netflix, alors que l’on peut résumer toutes les intrigues possibles et imaginables à l’aide d’une simple recherche Google, il est encore plus beau de lire. « Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais ! Mais on ne se bat pas dans l'espoir du succès ! Non ! non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile ! »


On ne compte plus, depuis l’invention de l’écriture trois millénaires avant notre ère, le nombre d’œuvres écrites qui ont tant marqué leurs lecteurs qu’elles sont rentrées dans l’histoire. On parle alors de « chef d’œuvre », comme si leurs auteurs de génie seuls avaient su rester immortels à travers les histoires qu’ils ont créées.


Vous voilà donc dans les allées de votre librairie, à errer, à chercher quelque chose à se mettre sous la dent… de lecteur ! Et pourquoi pas un « classique » ? Ce terme trop souvent assimilé à « peu original » ou « ordinaire », doit au contraire nous rappeler que dans les myriades d’ouvrages parus, eux ont su « faire classe ». Ils ont marqué leur époque, ils ont transcendé leurs lecteurs, ils ont marqué l’histoire. Et lorsque l’auteur même s’efface derrière son œuvre, alors on se souvient surtout des héros.


Les héros… Et surtout les héroïnes ! Mais saurez-vous les reconnaitre ? A vous de considérer s’il est plus que temps de relire certains de ces chefs d’œuvre…

* Fille et nièce de roi, elle pourrait être heureuse, pourtant elle ne veut pas payer le prix que lui couterait ce bonheur promis par les anciens. Pour être heureuse on lui demande d’obéir aux ordres, d’oublier son devoir, de ne pas honorer la mémoire de son frère. Cela elle ne le peut. Alors chaque nuit, ne craignant rien ni personne, elle va braver l’autorité de son oncle pour faire ce qui lui semble juste, malgré l’amour de son fiancé, malgré la mort qui plane. Cette jeune fille qui fut présentée à la scène à l’heure où la résistance se payait par la mort, s’appelle…


* Avant d’être jouée sur scène elle était chantée dans l’un des romans les plus vieux du monde, et connue avant même que son histoire soit écrite. Au retour d’une guerre terrible qui détruisit son pays, elle est prisonnière d’un homme qui l’aime malgré la présence d’une fiancée, et cherche à tout prix à protéger son fils, qui porte sur ses frêles épaules l’héritage d’un père glorieux mort au combat. Ayant tout perdu, veuve, elle reste droite, fière et fidèle au souvenir de son époux, malgré les menaces et les suppliques qui lui sont adressées. Prononçant parmi les plus beaux vers de la littérature française, pour sauver son fils elle accepte d’épouser son geôlier, et ira même jusqu’à venger sa mort le jour de leur mariage, fidèle parmi les fidèles.


* Elle aime. On ne pourrait rien lui refuser, puisqu’elle est fille de roi. Mais elle ne sait que trop ce que lui impose son devoir. Celui qu’elle aime en aime une autre, qui l’aime en retour. Alors, princesse de sang et de cœur royal, ce personnage secondaire choisit de réunir les deux amants qui s’aiment, sans rien révéler de ce qu’elle souffre. Jusqu’au bout elle soutient leur idylle menacée par la fierté des anciens, jusqu’au bout elle retient les élans de son propre cœur, jusqu’au bout, et toujours en vers, elle agit en fille de roi. Cette amie précieuse pour les héros déchirés s’appelle…



* Belle, vertueuse, elle est la fierté de son mari, qui est fou d’elle. Mais à la cour du roi, là où le moindre faux pas peut vous faire perdre votre réputation, son cœur se surprend à battre pour un autre que son mari. Elle fera tout pour fuir la tentation, pour ne pas trahir ses vœux, pour ne pas être comme toutes ces autres qui prennent amants sans aucun scrupule. Non, elle veut être fidèle à ce mari qu’elle n’aime pas, et malgré les poursuites et les assauts de l’autre, toujours elle agit en conscience et avec honneur. Et lorsque son mari vient à mourir dans ses bras, lorsque libérée de ses vœux elle pourrait suivre son cœur, elle choisit encore la voix du renoncement et de l’honneur en quittant le monde et ses tentations pour une vie de vertu et de prières. Cette princesse mythique au cœur droit s’appelle…


* Elle ne craint rien. Ni la violente épidémie en cours, ni la folie des hommes lorsqu’ils ont peur, ni la solitude, ni même cette homme seul qu’elle trouve dans sa maison. Elle ne craint pas de le recevoir à diner pour tromper la solitude, ni même de partir avec lui comme protecteur pour rejoindre son mari resté à Gap. Lorsqu’elle-même se trouve aux prises avec la maladie, ce nouvel ami la soigne avec douceur et fidélité. Mais leur amour naissant restera platonique, notre héroïne ne saurait renoncer à son honneur et à ses vœux, et lorsque se termine leur périple, elle rejoint son mari, sans se retourner, fidèlement. Cette héroïne intrépide en pleine tempête s’appelle…


* Elle est belle, elle est jeune, elle est idéaliste. Innocemment elle s’enflamme pour le bel officier qui fréquente la maison de ses parents, et ne craint pas de refuser le riche et discret ami de la famille qui est amoureux d’elle. Mais elle ignore que cet officier n’a ni son honneur ni sa droiture, et vivra une brulante idylle avec une femme de la haute société déjà mariée. Notre héroïne n’est pas directement celle de l’ouvrage, mais est présente dans le roman pour contraster avec la relation au cœur de l’histoire. Face aux amours scandaleuses du jeune officier et de la belle aristocrate, elle finit par épouser le discret ami de la famille qui s’avère époux aimant et fidèle, et offre le portrait d’un foyer simple et heureux prônant les valeurs domestiques, loin des tourments de la cour et des tentations du monde. Cette jeune fille des villes qui trouve le bonheur en s’installant à la campagne s’appelle…


* Elle n'avait rien. Arrivée à Paris avec deux petits frères à charge et sans aucune fortune, elle parvient à entrer au service du monstre qui dévore tous les commerces de son quartier et s'apprête à révolutionner la vie parisienne. Discrète, timide, elle parvient au cours du roman à gagner en assurance, avec droiture et honnêteté. Au milieu de femmes moins vertueuses mais plus voyantes, ses grandes qualités, son bon sens, son indépendance d'esprit iront même jusqu'à attirer l'attention du maitre de l'entreprise qui bientôt saura qu'il ne peut se passer d'elle pour diriger d'une main ferme mais avec humanité et douceur l'un des premiers grands magasins de Paris. Cette enfant timide et maladroite devenue femme forte et droite au milieu des tentations de la capitale s'appelle...


* Elle est toujours là. Elle veut protéger son petit garçon pour qu’il ne lise pas trop tôt, elle lui caresse le front lorsqu’il angoisse, elle est la douceur au milieu de ses trois hommes, elle pense à tout et à tous, elle est l’âme de sa maison. C’est pour elle que l’on ira à la campagne pour les vacances, c’est avec elle que l’auteur verra sa vie bouleversée par la découverte des collines qu’il attachera éternellement au souvenir de sa mère trop tôt partie… Cette maman qui devient un peu la notre à la lecture de son fils s’appelle…


* Modèle ancien d’héroïne ayant connu moultes réécritures, on la redécouvre avec succès en 1740 en France. Elle est courageuse, elle est généreuse, elle ne craint pas de tout perdre pour sauver son père. Prisonnière dans un immense domaine, elle parvient à dépasser ses ressentiments et voir derrière la dureté et la colère de son geôlier la souffrance d’un homme prisonnier de lui-même. Fidèle à son grand cœur, elle parvient même à le libérer de la malédiction qui l’avait changé en bête, à l’image d’un cœur doux qui désarçonne ceux que la vie a éloigné de leur nature humaine. Au-delà d’un simple conte de fées, héroïne des cœurs généreux, elle s’appelle…



* Dans une société où être femme ne permettait pas la pleine liberté, son auteur voulait créer une héroïne qui ne soit pas « belle », loin des princesses parfaites de conte de fées. Mais notre héroïne a le cœur beau et téméraire, face à une famille cruelle, au cœur d’un établissement dur, après la mort de sa seule amie. Devenue adulte, c’est ce cœur beau et droit qui séduira le ténébreux maitre de maison qui l’emploie. Elle demeure fidèle à son honneur et sa droiture, et refuse même une union que désire son cœur mais qui trahit ses valeurs. Ne perdant jamais sa confiance dans le Ciel, indépendante et fière, elle peut enfin revenir auprès de son ancien employeur ayant tout perdu lorsque, enfin, la vie la récompense de son courage. Orpheline, préceptrice, indépendante puis héritière, elle s’appelle…


* Elles sont quatre. La douce, l’indépendante, la généreuse, la fière. Elles grandissent ensemble, unies malgré les disputes, les jalousies, la guerre et le départ de leur père. Ce père que les traducteurs français ont fait médecin est en fait pasteur, et il est continuellement présent dans le cœur de ses filles qui tentent d’agir en respectant les valeurs qu’il leur a inculquées. A leur lecture, on grandit avec elles, on rit avec elles, on frémit avec elles, et on les quitte avec le sourire et on prête leur histoire à une jeune fille de notre entourage qui à son tour, imaginera ce que serait être appelée…


* Elles sont deux sœurs. Bien que leur temps n’est pas le nôtre, elles sont comme toutes les jeunes filles, et se retrouvent confrontées à leurs sentiments. L'une se veut sérieuse et discrète, l'autre pleinement libre et spontanée. Alors même que leur père n’est plus, et que des jeunes filles dans leur situation n’ont pas le choix de l’indépendance, les deux sœurs aux tempéraments rigoureusement opposés apprennent ensemble à apprivoiser leur cœur, à ne pas équilibrer leur raison et leurs sentiments, à accepter les épreuves, comme celle de quitter leur maison, perdre tout et se remettre à la générosité de parents, et leur société qui ne permet rien aux femmes qui n’ont pas de fortune. Mais avec courage elles se soutiennent face aux épreuves de cœur, face à la solitude, et continuent de réconforter des générations de jeunes filles qui, à leur lecture, rejoindront l’ensemble des passionnées de cet auteur. Ces deux sœurs qui sont un peu les nôtres s’appellent…


* Moins connue, elle est forte, indépendante, et se refuse à suivre le simple destin réservé aux femmes de son temps. Alors qu’elle n’a rien, elle refuse la proposition en mariage de son ami et voisin ; lorsqu’elle se retrouve à la tête d’un grand domaine, elle lui vient en aide en lui offrant un poste auprès d’elle, et s’occupe de ses terres avec indépendance et sérieux. Malgré un mariage douteux avec un officier intéressé et égoïste, elle garde le cap pour sauver son domaine et apprivoise sa fierté pour reconnaitre la vraie valeur de son ami et ancien voisin. Cette héroïne moderne dans une société peu encline à soutenir les femmes indépendantes s’appelle…


Ces héroïnes ne vous rappellent rien ? Et bien voilà, vous savez quoi lire cet été sur les plages…


* Réponses :

Antigone dans Antigone de Jean Anouilh, 1944 – Andromaque dans Andromaque de Jean Racine, 1667 - L’infante dans Le Cid de Pierre Corneille, 1637 – La princesse de Clèves dans La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette, 1678 – Pauline de Théus dans Le Hussard sur le toit de Jean Giono, 1951 – Kitty dans Anna Karenine de Léon Tolstoï, 1877 – Denise Loubet dans Au Bonheur des Dames de Emile Zola, 1883 - Augustine Pagnol dans La Gloire de Mon Père et Le Château de ma Mère de Marcel Pagnol, 1957 – Belle dans La Belle et la Bête de Jeanne Marie LePrince de Beaumont, 1740 - Jane Eyre dans Jane Eyre de Charlotte Brontë, 1855 - Meg, Jo, Beth et Amy dans Les Quatre Filles du Docteur March de Louisa May Alcott, 1868 – Marianne et Elinor Dashwood dans Raison et Sentiments de Jane Austen, 1811 – Batsheba Everdene dans Loin de la Foule déchainée de Thomas Hardy, 1874.

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