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Cachée, la confiance

Au détour d'un stage, une jeune fille d'une vingtaine d'années, qui était en couple, me disait que la vision d'une femme enceinte la répugnait. Cela m'avait beaucoup frappée.

J'écrivais dans mon précédent article que la virginité nous introduisait dans une approche jusqu'au boutiste de la sexualité : la relation au cœur de l'altérité.

Refuser la maternité c'est peut être refuser un autre aspect de la relation qui semble prégnant chez la femme : la relation au mystère de l'accueil d'une vie nouvelle en son sein.


Cela semble évident pour certaines qui y sont disposées. Pour d'autre, et peut-être beaucoup, c'est terra incognita. Il y a quelque chose de mystérieux qui se passe dans le sein d'une femme. La femme, l'adolescente, la jeune femme, la femme mure, la veuve, la grand mère ont en commun ce mystérieux lien avec la puissance de vie qui s'y déploie, se déploiera, s'est déployé en leur corps.


Le célibat chez la femme peut être vécu spirituellement comme un ensemencement unique. Voilà un état que la femme ne vivra qu'une fois, qui ne se reproduira pas. Tout ce qui est donné de vivre par Dieu peut être vécu et compris comme une période de plénitude humaine et spirituelle. Ce n'est pas uniquement un sas d'attente. Un temps uniquement « sans », « en attendant ». Cela peut s'appréhender positivement et s'expérimenter joyeusement.

 

L'alliance fondatrice


Comme dans tout accouchement à soi même, il y a de la douleur (le manque, la peine de cœur, l'attente, le désir d'enfants, l'inconnu, le doute ...) mais est tapi, en germe, un secret chez la femme, qui lui échappe et qui pourtant semble premier.

Ce temps est à mon sens un temps de grâces particulier car il laisse grandir le désir d'alliance et peut être un chemin pour découvrir, qu'à la base de l'alliance avec un homme, il y a l'alliance avec Dieu. Elle a été scellée par notre baptême et la grâce baptismale nous introduit d'ores et déjà dans une intimité avec le Christ, qui est l'essentiel. D'elle vient le salut. Lui seul est la porte ultime et première.

Seule, nous nous rendons compte que nous sommes deux : le Christ est présent chez la baptisée. Peut-être que cette relation spirituelle lovée au creux des entrailles rapproche de l'expérience spirituelle de la Vierge Marie. Benoit XVI écrivait ainsi : «Le cœur de Marie est le cloître où la Parole continue de parler dans le silence et, dans le même temps, est le foyer d'une charité qui pousse à des gestes courageux, ainsi qu'à un partage persévérant et caché».

Il y a dans ce passage une délicate allusion à la manifestation féminine de la proximité avec Dieu. Il y a le silence. Il y a du caché. Sûrement une manière chez la femme d'abandonner son cœur à Dieu et de vivre de cette alliance baptismale. Elle ne lui sera pas retirée une fois épousée. Et déjà, confiante en Dieu, la femme porte en germe une puissance de vie et une fécondité qui nécessitent des racines de plus en plus profondes. A la femme de soigner ces racines, de les renforcer en aimant et accueillant l'invisible et l'infini. Fidèle sentinelle de l'invisible.

C'est de cela que la femme rayonne de façon singulière ; son secret beauté c'est son intimité avec le Seigneur. C'est ce qu'elle entrevoit au plus profond d'elle, une puissance pour aimer et accueillir la Vie, en accueillant en premier la Parole de vie. D'ores est déjà la femme est fécondée.


Tout lâcher


Peut-être que ce qui est difficile à recevoir c'est que, pour être fécondée et s'enraciner profondément dans le cœur du Christ, il faut un abandon, un réel lâcher prise. Une confiance. Le célibat est certainement un temps d'abandon et de confiance en soi et en la vie que nous avons à redécouvrir.

Les injonctions sociétales seraient plutôt du côté de la planification, rationalisation, anticipation, maîtrise. Tout l'inverse de ce que, à mon sens, la femme peut se proposer de déployer pour se découvrir et participer à l'oeuvre de salut du Christ pour le monde. C'est vertigineux.

Nous mettre à l'école de Marie c'est nous mettre à bonne école ; Benoît XVI écrivait encore : «Chères femmes … prenez La Madone, prenez la comme votre avocate auprès du Seigneur. C'est ainsi que nous la connaissons depuis les noces de Cana : comme la femme bienveillante, pleine de sollicitude maternelle et de courage. Auprès d'elle, nous pouvons tous, femmes et hommes, retrouver la sérénité et la confiance intime qui nous font nous sentir heureux en Dieu et infatigables dans la lutte pour la vie».

Amie du Christ, esclave de son amour, la femme se retrouve et laisse passer en creux le fil d'amour et sa puissance de vie. Soit la femme est action de grâce et action de la grâce. Soit elle risque de se dessécher et subir son célibat, annulant tout ce qu'il y a à y puiser. De sorte que, le moment venu, elle découvre qu'elle a grandi « comme les cèdres du Liban », plantée à la source, et puissante dans l'amour.

Sainte Thérèse d'Avila écrivait que « Dieu seul suffit ». Quelle catéchèse exigeante, radicale, essentielle, effrayante. Quelle espérance, quelle garantie ! Si la femme, célibataire notamment, le découvre et le reçoit : jaillissement et fécondité, joie et sérénité !


In Christo


Julie D.

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