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Un regard d'amour

Hier c'était la Pentecôte. L'Esprit-Saint est donné aux apôtres et disciples réunis au Cénacle. C'est efficace et immédiat! Un grand bruit comme un coup de vent, des langues de feu qui se posent sur leur tête et Pierre et les apôtres se mettent à annoncer l'Évangile dans toutes les langues. Résultat: 3000 conversions en un jour! La mission apostolique de l'Église est lancée pour que la Bonne Nouvelle soit portée jusqu'aux extrémités de la Terre.


2000 ans plus tard, malgré des oppositions et des persécutions un peu partout et en tout genre, c'est chose faite. Sauf que parallèlement de plus en plus de gens, par rejet ou par désintérêt, se détournent de l'Église et de son enseignement, l'accusant au passage d’un grand nombre des maux qui frappent l’humanité et lui donnant par la même occasion toute sorte de conseils pour son renouvellement. Que des choses scandaleuses aient été faites par des membres de l'Église, personne ne le nie, mais il y a tellement de belles choses qu'il serait dommage de se focaliser sur les mauvaises. "La foi est de rencontrer l'Église sous les haillons dont la couvre la sottise ou la folie de ses enfants; de toucher la paix des profondeurs sous l'agitation des tempêtes[1]" écrivait le Cardinal Journet.


En ce jour où nous fêtons la Vierge Marie, Mère de l'Église, demandons-lui de nous éclairer dans la lumière de l'Esprit-Saint pour regarder l'Église comme elle-même la regarde et l'aimer aussi comme notre mère.



Qu'est-ce que l'Église, au fond?


Pour pouvoir l'aimer, il faut d'abord connaître ce qu'elle est vraiment. Si l'on s'en tient à l'aspect visible on se limiterait selon le Pape François, à une ONG caritatives comme les autres pour l'aspect positif et aux horreurs dont est friande une certaine presse pas forcément bien intentionnée... Sauf que l'Église ne peut se résumer à un aspect visible puisqu'elle est avant tout "une réalité spirituelle, divine, qui se perçoit uniquement avec les yeux de la foi" (CEC abrégé, no 151[2]). C'est un mystère!


L'Église est "le peuple que Dieu convoque et rassemble de tous les confins de la terre, pour constituer l’assemblée de ceux qui, par la foi et par le Baptême, deviennent fils de Dieu, membres du Christ et temple de l’Esprit Saint" (CEC abrégé, No147). Elle est aussi le Corps du Christ. En effet, "par l’Esprit Saint, le Christ, mort et ressuscité, unit intimement à lui-même ses fidèles. Ainsi, ceux qui croient au Christ, parce qu’ils sont étroitement unis à lui, surtout dans l’Eucharistie, sont unis entre eux par la charité, formant un seul corps, l’Église, dont l’unité se réalise dans la diversité des membres et des fonctions" (CEC abrégé, No 156). L'Église, ce n'est donc pas que le pape, les évêques et les prêtres, c'est d'abord le Christ et c'est aussi chacun d'entre nous qui en sommes les membres depuis le jour de notre baptême. Ne soyons donc pas trop rapides à la critiquer! Ce que nous voyons de mauvais en elle vient du péché de ses membres, mais en tant que Corps du Christ elle reste sainte de la sainteté-même de Dieu. "L'Église est "pure, sainte, sans tâche et immaculée". Quand on a compris qu'elle renferme des pécheurs mais pas de péchés, alors on peut l'aimer ainsi, comme l'Épouse de l'Agneau. […] Qui vit ces révélations divines, il sait qu'il a pour compagnons réels les anges et les saints.[3] " (Card. Charles Journet)


Marie, Mère de l'Église


Avec les saints et tous les membres de l'Église, nous formons donc une famille. Et à une famille, il faut une mère. Ainsi au calvaire, Jésus nous a donc donné sa propre mère. Si l'appellation "Mère de l'Église" est assez récente, la conscience en est déjà présente depuis bien longtemps, "à partir des paroles prémonitoires de saint Augustin et de saint Léon le Grand. Le premier, en effet, dit que Marie est la mère des membres du Christ, parce qu’elle a coopéré par sa charité à la renaissance des fidèles dans l’Église; puis l’autre, quand il dit que la naissance de la Tête est aussi la naissance du Corps, indique que Marie est en même temps mère du Christ, Fils de Dieu, et mère des membres de son Corps mystique, c’est-à-dire de l’Église. Ces considérations dérivent de la maternité de Marie et de son intime union à l’œuvre du Rédempteur, qui a culminé à l’heure de la croix.

La Mère en effet, qui était près de la croix (Jn 19, 25), accepta le testament d’amour de son Fils et accueillit tous les hommes, personnifiés par le disciple bien-aimé, comme les enfants qui doivent renaître à la vie divine, devenant ainsi la tendre mère de l’Église que le Christ a générée sur la croix, quand il rendait l’Esprit. À son tour, dans le disciple bien-aimé, le Christ choisit tous les disciples comme vicaires de son amour envers la Mère, la leur confiant afin qu’ils l’accueillent avec affection filiale.[4]" "Après l’ascension de son Fils, la Vierge Marie a aidé, par ses prières, les débuts de l’Église et, même après son assomption au ciel, elle continue d’intercéder pour ses enfants, d’être pour tous un modèle de foi et de charité, et d’exercer sur eux une influence salutaire, qui vient de la surabondance des mérites du Christ (CEC Abrégé, No 197)."


A la Salette, Marie, en larmes, nous donne un bel aperçu de son intercession continuelle pour l'Église: "Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller le bras de mon Fils. Il est si fort et si pesant que je ne puis plus le maintenir. Depuis le temps que je souffre pour vous autres ! Si je veux que mon Fils ne vous abandonne pas, je suis chargée de le prier sans cesse."


Que faire alors de notre côté?


Écouter Marie et nous "soumettre". C’est-à-dire, à son exemple, obéir aux commandements de la charité qui sont d'aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de tout notre esprit et notre prochain comme nous-mêmes (Cf.Lc 10,27). En faisant cela nous ne pourrons qu'aimer l'Église malgré ses imperfections et regarder ces membres, nos frères, comme notre Mère nous regarde.


Nous pourrons alors reconnaître qu'outre Marie, l'Église aussi est notre mère puisqu'elle nous transmet la vie de Dieu à travers les sacrements. Le Pape François nous y encourage: "Toutes les mères ont des défauts, nous avons tous des défauts, mais quand on parle des défauts de notre mère, nous les excusons, nous les aimons ainsi. L’Église a elle aussi ses défauts : l’aimons-nous comme une mère, l’aidons-nous à être plus belle, plus authentique, plus selon le Seigneur ? […]

Une maman ne se limite pas à donner la vie, mais elle aide avec un grand soin ses enfants à grandir, elle les allaite, elle les nourrit, elle leur enseigne le chemin de la vie, elle les accompagne toujours de ses attentions, de son affection, de son amour, même quand ils sont grands. Et en cela, elle sait aussi corriger, pardonner, comprendre, elle sait être proche dans la maladie, dans la souffrance. […] L’Église, comme une bonne mère, fait la même chose. […]L’Église nous accompagne pendant toute notre vie de foi, pendant toute notre vie chrétienne."[5]


Alors essayons humblement de l'aimer de plus en plus, à l'exemple des saints, tout en sachant que comme ils l'ont beaucoup aimée, ils ont souffert de tout ce qui a pu la blesser de l'extérieur comme en avertit le Cardinal Journet "Il n'y a jamais eu de saint, je crois, qui n'ait été calomnié auprès de ce qu'il aime le plus, de l'Église. […] Jamais [elle] ne nous trompera. C'est nous qui la trahissons à chaque instant par nos incompréhensions, nos étroitesses, nos résistances. En venant à elle, vous aurez à souffrir du dehors peut-être, mais plus encore, sûrement, de ceux qui se donneront comme étant en elle, mais dont le cœur sera partagé.[6]"


Ainsi, que le Saint-Esprit qui fait vivre l'Église avec l’intercession de la Vierge Marie, Mère de l'Église nous conduisent à avancer sur le chemin de la sainteté humblement, joyeux et avec un cœur sans partage!

"Nous vivons à des heures où il faudrait, nous enfants dans l'Église, vivre comme des grands saints: c'est sur nous que repose la responsabilité de sauver le monde de maintenant." (Charles Journet)

[1] [3] [6] Charles Journet (1891-1975), Comme une flèche de feu, Lettres spirituelles, Ad Solem, Chapitre "Le mystère de l'Église" [2] Compendium du Catéchisme de l'Eglise Catholique (CEC Abrégé) https://www.vatican.va/archive/compendium_ccc/documents/archive_2005_compendium-ccc_fr.html#JE%20CROIS%20AU%20SAINT-ESPRIT [4] Décret sur la célébration de la bienheureuse Vierge Marie Mère de l’Eglise dans le Calendrier Romain Général, 11 février 2018 https://liturgie.catholique.fr/accueil/annee-liturgique/les-fetes-et-les-saints/294457-decret-memoire-marie-mere-eglise-pentecote/ [5] Pape François, Audience générale du 11 septembre 2013 https://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2013/documents/papa-francesco_20130911_udienza-generale.html

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