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Un vieux remède efficace




J'étais fatiguée. Que la vie est stressante ! Les horaires, le froid qui persiste, les maladies guettant nos pauvres organismes dévitaminés par un hiver trop long, et déjà la fin de l'année scolaire qui se profile...

J'ai voulu souffler, alors j'ai pris un bain. Que ce fut bon de se délasser dans l'eau brûlante ! De sentir les effluves de rose, de me repaître des vapeurs chaudes dégagées ici et là, pour ne sortir qu'une heure après, légèrement assomée mais reposée.


Quelques jours plus tard, de nouveau, un coup de mou. Cette fois, c'est plus sérieux. Je ressasse des pensées un peu négatives. Je râle facilement, même si j'ai conscience que ma plainte n'améliore aucun de mes soucis quotidien ni ne fait revenir la chaleur et le soleil. Je décide de consulter mon médecin. Rien de grave, docteur ? Non, une petite déprime saisonnière. Prenez quelques vitamines, du magnésium, et soyez patiente... Je décide de me coucher tôt, et de décaler mon réveil le matin de quelques minutes. Ma petite prière du matin passera à la trappe, mais le Seigneur comprendra.


Deux semaines passent. Cette fois, je retombe plus bas encore que les plaintes et les râleries. Je suis un peu perdue. Je fais tout mécaniquement, sans grand intérêt. J'oublie petit à petit de prendre ces fameuses vitamines, dont la boîte traîne dans ma cuisine, à peine entamée. Je lis des articles sur le bien-être, je trouve quelques réponses. J'achète un ou deux livres, j'écris, je prends de bonnes résolutions.


Tu parles. La déprime est bien là, et le "flot de pensées", le yoga ou l'acérola n'y changent rien. Je tombe plus bas encore. Je remets en question mes choix de vie à la moindre dispute, au moindre accroc. "Finalement, je n'aurais pas dû l'épouser", "Je ne suis pas faite pour être mère !", "Ce travail n'est pas pour moi", "Il faut que je déménage !". Dans le même temps, j'ai la critique facile, je ne fais que peu d'efforts avec mon entourage. Je me trouve impatiente mais je n'ai pas envie de changer.


Je me promène dans la rue au crépuscule. Après avoir râlé sur les piétons, estimé que les voitures roulent trop vite, que le feu passe trop lentement au vert, qu'il fait trop froid et que la ville est trop polluée, je passe devant l'église de mon quartier. J'entends des chants. Je rentre, par curiosité. Ce n'est que le choeur paroissial qui répète la messe de Dimanche prochain. C'est joli, mais je ne reste pas, merci. En partant, je jette un regard distrait sur les flyers au fond de l'église. Le fond de l'église, c'est comme le fond de la classe: le lieu des cancres et de ceux qui font trop de bruit.

Ici, une fiche d'inscription pour le prochain pèlerinage en Terre Sainte. Là, la liste des groupes de catéchisme. Une autre feuille avec des propositions de conférence de carême. Et la petite fiche violette avec les horaires paroissiaux. Je la prends et je la parcours, histoire de prendre connaissance d'un éventuel changement sur le planning habituel. Une ligne attire mon attention. Samedi 25 mars, journée de confession.


Bien sûr, il est là mon remède. Combien de temps se sont écoulés depuis la dernière fois que je me suis agenouillée au confessionnal ? Combien de péchés ai-je commis durant ces quelques mois ou j'ai tenté de m'en sortir toute seule ? Il y en a un qui a profité de mon état de fatigue, de mon anxiété, et de mon manque de sommeil. Il y en a un qui a jubilé de me voir me plaindre, et plus encore de me voir chercher des solutions partout, sauf au bon endroit.


Samedi.

Quelle joie...

Quel soulagement !

Je pleure. Le prêtre m'a accueillie à bras ouverts. Ma confession a été un peu longue (forcément, ça fait plus de six mois, il y avait une liste de péchés longue comme le bras). Je bafouille des excuses aux petites mamies qui attendent sagement leur tour.

Quelle libération, quelle exaltation que d'avoir une âme toute neuve ! Aujourd'hui, le ciel s'est penché sur la terre. La joie est grande pour Dieu qui voit une de ses brebis se convertir à nouveau. Et moi, je me sens plus légère, ragaillardie par ce sacrement dont je n'use pas assez dans ma vie de chrétienne.


Les prêtres nous le disent et nous le redisent: confessons-nous, n'hésitons pas une seule seconde ! Le pape lui-même se confesse tous les jours. Oui, nous retomberons. Peut-être même dans l'heure qui suivra l'absolution. Mais peu importe, notre chemin sur la terre est comme celui des petits enfants qui apprennent à marcher. Ils se lâchent, font quelques pas, trébuchent, et reviennent vers les bras solides sur lesquels ils peuvent s'appuyer sans craindre d'être trahis. Nous sommes des enfants qui apprennent à marcher. Notre objectif n'est pas de plus tomber, mais d'aller le plus loin possible, d'avancer, les yeux rivés sur celui qui nous tient et qui tient à nous, comme les mains d'un père tiennent fermement celles de son bambins qui met un pied devant l'autre.




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