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Les litanies du Merci

"En ce temps-là, Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable." (Mt 4, 1)

Nous y voilà presque. Mercredi, c'est le Carême. Le Christ nous emmènera, parfois malgré nous, dans cette immensité sableuse et aride qu'est le désert, à sa suite. Obligés de nous taire et de faire face à l'essentiel. Et en plus, il faudrait dire merci !!


"J’ai toujours aimé le désert. On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et cependant quelque chose rayonne en silence…" disait Saint-Exupéry dans Le petit Prince. Moi, je ne me sens pas attirée par le désert. Il m'effraie. Trop grand, trop vide, trop sec. Pourtant, je sens bien que l'occasion m'est donnée d'y faire une rencontre. Une Présence m'y attend, peut-être plus facile à déceler quand tout est dépouillé. Mon cœur surtout.



Mais comment dépouiller son cœur ? C'est si dur de faire le point. De se regarder soi-même sans faiblesse, d'accepter la réalité. Ne pas se mentir, ni se trouver des excuses. Comment ne pas être découragé par nos petitesses, nos mesquineries qui se répètent sans cesse ? Comment trouver le courage de changer ? Voilà ce que nous dit la poétesse Marie Noël dans ses Notes intimes (1984) :


"Au temps où je voyais noir, je m’usais, après chaque journée, à fouiller et récurer ma conscience pleine de péchés.

Maintenant, je fais autrement mes comptes du soir. Je ne cherche plus mes taches, mais mes dettes. Je révise en mon cœur tout ce que j’ai reçu d’autrui au cours de la journée, toute cette menue bonté – ou grande – de l’homme qui m’a fait l’aumône en chemin, depuis le prêtre qui m’a dit la messe du matin (et pour la dire, Il m’a fait le sacrifice de sa vie) jusqu’à la bonne femme qui a cueilli dans son jardin, pour ma soupe, une poignée d’oseille.

Mes ‘bienfaiteurs’ de chaque instant, je les rappelle tous à moi dans ma prière d’avant le sommeil. […]

Pour eux tous, je chante mes Laudes du soir, mes litanies du Merci. Et, mes comptes faits, toutes choses en ordre, je m’endors doucement là-dessus, joignant dans mes mains pleines de peu, la Bonté de Dieu à la Grâce de l’homme.

Je crois bien que cet exercice de reconnaissance si confiant, si affectueux, doit faire plaisir à Dieu autant qu’à moi-même – bien plus que, jadis, mes fouilles de conscience – et si j’étais Mère Abbesse, ou simplement mère de famille, je l’enseignerais à mes enfants".


Quelle lumière, quelle douceur émanent de ce si beau texte ! La voilà, la solution pour guérir : c'est rencontrer l'Amour infini du Seigneur qui prend soin de nous. Pour nous en convaincre, l'exercice du Merci, ou de la reconnaissance, est très efficace. Maintenant, on appelle cela la Gratitude, mais c'est le même principe. Rechercher dans sa vie les traces nombreuses de l'amour de Dieu nous donne la certitude, sans cesse renouvelée, d'être inconditionnellement aimés. Cela nous donne la force de demander pardon pour nos péchés, et de prendre une nouvelle direction, transformés par ces preuves d'amour quotidiennes.



Pour s'entraîner à la gratitude, il existe un magnifique parcours (totalement gratuit), idéal à démarrer en petit groupe en ce début de Carême : le miracle de la Gratitude. Proposé par un prêtre, le père Lionel Dalle, il est fourni clé en main et permet de s'entraîner pas à pas sur ce chemin de bienfaits : "Les effets bénéfiques de la gratitude sont stupéfiants. Ils sont nombreux, durables, et prouvés. La gratitude est au cœur de la foi chrétienne puisque le mot même d'eucharistie (messe) signifie action de grâce c'est-à-dire gratitude. La gratitude agit au niveau de notre corps, de notre psychisme, au niveau relationnel et spirituel."


Cela peut paraître exagéré, mais cette démarche porte énormément de fruits ! Voici le témoignage de Myriam qui a vécu (à distance !) ce parcours pendant le confinement de 2020, avec une petite fraternité de jeunes professionnels de sa ville :

"Lorsque nous avons décidé pour le carême 2020 de vivre le parcours gratitude proposé par le père Lionel Dalle, nous n'avions qu'une idée assez vague de ce à quoi nous nous engagions pour quelques semaines. D'autant plus que nous ne nous connaissions pas tous, et pourtant, malgré (ou grâce ?) à la visio, ces moments de rencontre hebdomadaires nous donnaient une vraie force en ce temps de confinement. Il a permis de pouvoir creuser de manière individuelle et collective sur tous les "clins Dieu" que le Seigneur met dans notre vie et toutes les choses pour lesquelles nous avions à nous réjouir.

Pas se réjouir d'une manière naïve en refusant de voir les difficultés, mais plutôt, j'imagine, à la manière de Jésus : en s'attardant, et en prenant racine, dans tout ce qui était joie véritable dans nos vies. Il n'est pas question de nier la difficulté des épreuves que nous sommes amené à vivre, mais à les voir plutôt comme des "exercices" pour grandir.

Notre petit groupe en est ressorti grandi et nous avons décidé, à la fin du parcours, de continuer à se voir régulièrement avec d'autres thématiques et parcours pour continuer de grandir ensemble."


Alors, pourquoi ne pas monter un petit groupe Gratitude dans votre paroisse pour ce Carême 2024 ? Ce serait une belle manière de faire fleurir le désert !


 

Pour aller plus loin :

  • Site internet du parcours : Le miracle de la gratitude.

  • Père Pascal Ide, La puissance de la gratitude : vers la vraie joie (éd. de l'Emmanuel, 2017). Présentation du livre par son auteur en vidéo ici.

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