La Toussaint est derrière nous, l’Avent arrive à toute allure, chaussé de bottes fourrées et emmitouflé dans son écharpe violette. Noël lui succédera bien vite, avec sa ribambelle de festivités, ses trois messes basses, ses biscuits de pain d’épices et ses cadeaux soigneusement choisis.
Avant notre mariage, je disais souvent que Noël était ma fête préférée, et l’Avent, mon temps liturgique de prédilection. J’aimais en outre les quelques jours qui précèdent le 25 décembre : passer des heures en cuisine, écouter les Lettres de mon moulin racontées par Fernandel, être attentive à faire davantage silence, me préparer à accueillir l’Enfant-roi.
L’an dernier, l’espérance d’enfants et toute la souffrance qui l’accompagne m’ont volé la joie de Noël. Voir courir dans l’église tous ces marmots empaquetés dans leurs manteaux de laine m’a serré le cœur. L’inévitable “Noël, c’est la fête des enfants” déclaré par un membre de la paroisse, m’a rendue excessivement triste.
Alors, lorsqu’avec l’équipe du Secret de Marie, nous avons décidé qu’il serait bon d’écrire un article sur l’Avent en espérance d’enfants, je me suis demandé ce que j’allais bien pouvoir trouver à dire. Quel sens Noël allait-il revêtir pour moi cette année ?
Ecouter, consentir, et se laisser transformer
On m’a beaucoup dit que la première réponse dans l’épreuve est d’écouter et d’accepter. Il est vain d’essayer de se réjouir artificiellement, de faire “comme si de rien n’était”, alors que les vitrines des grands magasins et les publicités du métro nous rappellent sans cesse que nous n’avons pas d’enfants à gâter. Un bon moyen d’accueillir la douleur sans s’y appesantir trop longtemps est de prendre le temps d’écrire, de déposer nos pensées sur du papier. L’occasion de s’offrir un joli carnet, de choisir soigneusement le stylo qui glissera parfaitement sur le papier, et de se créer quelques moments chaque semaine, rien que pour soi. Une bougie (sans parfum !), une tisane (comme celles de Marie-Liesse !), une couverture en laine, et le tour est joué : le moment est à vous.
Sur quoi écrire ? Plusieurs options s’offrent à nous. L’idée est de ne pas se poser trop de questions, de déposer ses pensées sur le papier, sans besoin de les relire, ni d’écrire de la grande littérature ! Vous pouvez élaborer sur un verbe : consentir, accueillir, créer. Ou bien partir de l’évangile du jour, et méditer dessus à l’écrit : l’occasion d’un dialogue cœur à cœur avec le Christ. L’occasion aussi de lui déposer régulièrement ce qui alourdit nos cœurs, de lui adresser nos “pourquoi ?”, nos “comment ?”.
Vivre pleinement l’Avent
S’il y a bien un temps dans l’année qui nous est dédié : c’est l’Avent. C’est par excellence le temps de l’attente. Ces quatre semaines condensent en elles l’attente de tout le peuple d’Israël, l’attente de l’humanité toute entière qui espère la naissance du Sauveur.
Alors pour bien vivre ce temps, quelques idées :
Aller à la messe en semaine, et pourquoi pas trouver une messe de l’aurore, ces messes matinales éclairées à la bougie ?
Trouver une lecture spirituelle pour nous accompagner, comme Mon Avent avec Sainte-Thérèse de Lisieux (existe avec plein de saints différents) ou les Homélies sur le temps de Noël de Saint Léon le Grand
Confectionner une couronne de l’Avent et allumer patiemment les bougies une à une, en formulant chaque dimanche une prière pour que notre attente soit exaucée (des exemples ici)
Beaucoup de paroisses organisent des temps de mission pour l’Avent : pourquoi ne pas s’y investir en couple, pour annoncer la victoire de la Vie sur la mort ?
Préparer nos cœurs et nos maisons à l’arrivée du Christ
L’an dernier, lors d’une messe du temps de l’Avent, le prêtre qui célébrait a dit cette phrase lumineuse : “Notre Dieu est le Dieu des préparations”. Dieu a préparé son peuple, depuis des milliers d’années, il a élu le peuple hébreu, et, avec une infinie et patiente pédagogie, il a préparé son peuple à accueillir son Fils. Parfois, notre Dieu nous prépare, il nous fait passer par des chemins de traverse, tortueux, sinueux. L'Écriture est remplie de ces fragments de sagesse qui nous consolent : “Le juste [...] porte du fruit en son temps” (Ps 1) ou encore “En temps voulu, j’agirai vite” (Is 60).
Avec le peu de courage qui nous reste parfois, méditons ces paroles qui préparent nos cœurs. Et préparons nos maisons à la fête de Noël : mettons une double ration d’amour dans ces pains d'épices, dans cette soupe qui chauffe, dans ces présents choisis pour ceux que nous aimons. N’hésitons pas à nous offrir aussi quelque chose, soigneusement, rien que pour nous !
Le jour de Noël : se préserver, aussi
Sans se refermer sur nous-mêmes, il reste important de réfléchir en amont au meilleur moyen de vivre la fête sans être trop parasités par ce qui peut nous faire souffrir. Faut-il manquer la veillée et n’aller qu’à la messe du 25 ? Trouver une messe de minuit qui soit vraiment à minuit ? Prévoir une balade en amoureux le matin de Noël pendant que les enfants déballent leurs cadeaux ? Pour prier à deux, réchauffer nos coeurs, se recentrer ? Prenons le temps d’en discuter en couple avant d’être en famille, pour se décider ensemble.
Enfin, si c’est possible, pourquoi ne pas fêter Noël chez soi, en invitant des paroissiens ou des personnes seules ? Il est bon parfois d’être une famille pour tous ceux qui n’en ont pas ou qui en sont loin.
Quelques mots pour conclure
Voilà donc quelques idées pour vivre au mieux ce temps liturgique. Je prie pour que cette année la joie de l’Avent et de Noël ne nous soit pas volée, que nous vivions ces semaines dans un cœur à cœur intense avec Marie, dans l’attente de la naissance du Christ. Et qu’avec les humbles bergers de Bethléem, nous puissions entendre le chœur des anges nous annoncer une grande joie.
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