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Au bout du tunnel

Chère maman,


Petite, j’ai toujours adoré les tunnels : il y faisait noir, ils étaient éclairés de bout en bout, et généraient une belle excitation dans la voiture. Nous les attendions avec impatience car ils égayaient fortement nos trajets de vacances. En somme, ils mettaient un peu de piquant dans le voyage, lui donnant pour quelques secondes, un côté presque féérique. C’était comme traverser une ville, le soir, en pleine période de Noël.


Aujourd’hui, les tunnels, je les appréhende. Ce ne sont pas ceux de l’autoroute, ceux de mon enfance : ceux-là font désormais rire mes enfants. Non, ceux que je redoute, ce sont tous ces petits tunnels, difficultés et accrochages quotidiens qui ponctuent ma vie de mère et me la pourrissent un peu, je l’avoue. Nos petits en bas âge ne nous épargnent pas : on dirait qu’ils puisent leur énergie en nous, que le bouton « pause » n’existe pas, et plus ils sont petits, plus leurs besoins sont grands. J’ai toujours admiré mes sœurs et amies qui se disaient « fans » des petits bébés. Pour ma part, le maternage n’a pas été et n’est pas évident. L’épuisement n’est jamais loin.


Toujours est-il que nous sommes nombreuses, depuis la rentrée, à avoir fait une croix sur une routine journalière paisible et pareille au ruisseau qui s’écoule lentement. La rentrée a fait son show, celui des multiples épidémies : petits rhumes charmants et gastro-entérites se sont invités sous nos toits. Nez qui coulent, bassines sous le bras, nos bambins en pyjama se rassemblent sous notre couette et nous, nous voici au four et au moulin. Qu’à cela ne tienne : tout cela est terminé ? La varicelle arrive. Puis les vacances. Puis le joli bal reprend.


Ce soir, en baignant ma petite fille, j’ai découvert avec effroi (rions-en) sur son petit corps d’à peine 1 an quelques boutons. Dans la matinée, je me pavanais auprès d’amis à qui je disais que notre enfant était passée au travers de la varicelle (que son grand-frère avait rapporté de l’école deux semaines plus tôt). Il se trouve que cette semaine, ça tombe mal. Très mal. Mon petit vélo se met à tourner. Il commence par ériger le tableau de chasse de ces deux derniers mois : sur cinq semaines d’école, presque trois à la maison ; une varicelle, deux laryngites, trois otites, un passage aux urgences, plusieurs nuits blanches, et cette semaine, une opération des oreilles en vue (annulée, bien sûr : merci la varicelle). Joli cocktail, avec, cerise sur le gâteau, une grossesse en cours, un changement de travail pour mon époux, et un déménagement à préparer, avec nouvelle ville et tutti quanti.


Je fais quoi ?

Je me lamente ? Je me tape la tête contre les murs ?


Je pourrais penser à cet évangile où les disciples, en proie à une violente tempête, ont le sentiment que Dieu dort, indifférent, et eux, dans la panade, hallucinent. Pourtant, il finit par calmer le vent et la pluie, et apaise leur peur d’une parole. Je pourrais y penser et en faire mon mantra, comme pour me dire que je ne suis pas seule dans mes difficultés. Je pourrais donc attendre que Dieu calme mes tempêtes. Un quotidien sans petits maux ? Avec plaisir, Seigneur.

Je peux aussi espérer, à raison, que le tunnel sera un jour fini. La lumière reviendra, le noir ne sera plus qu’un mauvais souvenir, et nous pourrons à nouveau baisser la vitre pour respirer l’air pur. Les jours sont lents, les années, elles, passent terriblement vite. Ce bébé que je tenais dans mes bras hier encore va désormais à l’école. Cet autre, dont les premiers mois ont été si éprouvants, s’apprête à souffler sa première bougie. Sans que j’aie le temps de cligner des yeux, ils auront quitté le nid. Ne soyons pas sadiques envers les petites personnes que nous sommes: nous ne traversons pas une période rigolote. Non, soyons douces et patientes avec nous-mêmes. Mais laissons-nous la possibilité d’offrir ce que nous vivons. Pour cette voisine seule, pour ce petit bébé prématuré, pour cet ami qui vient de perdre son travail, cet oncle qui a une leucémie… Nous n’avons pas idée de la puissance de ces offrandes. Nous offrons ce que nous sommes : une mère fatiguée, inquiète, stressée, insomniaque, agacée, frustrée peut-être… Et c’est ce que Dieu nous demande : de venir, telles que nous sommes, car Lui nous voit resplendissantes, quoiqu’il arrive. Nous sommes ses reines, ses princesses, et ses merveilles.


Chère maman, si tes journées sont ternes, si tu as le sentiment que le tunnel n’en finit pas, si tu appréhendes chaque nouvelle difficulté, essaye de te poser cinq minutes dans ta journée, pour tout remettre au pied de la Croix. Rien ne sera transformé, sinon ta manière de le vivre. C’est ce que je nous souhaite à toutes. Plutôt que de penser à l’énergie ou au courage qui nous manque, plutôt que de nous plaindre, consentons à ce qui est. Acceptons le réel tel qu’il est, car nous perdrons bien plus d’énergie à mal le vivre. Tiens-toi bien : ces mots, je les tiens de ma sage belle-mère, qui les a probablement vécus mieux que moi aujourd’hui (ne te leurre pas : je peste à la moindre contrariété et suis loin de la démarche du consentement !).


Bon mercredi, chère petite maman.



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