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Petit zoom sur le sens du mystère féminin


La question du mystère féminin a été abordée plusieurs fois dans l’histoire de l’Eglise mais Jean Paul II a été le premier à en faire un vrai sujet d’étude. Un exemple marquant, qui montre que cette question est ancienne dans l’Eglise, est celui de la biographie de Sainte Clotilde, écrite par Godefroy Kurth en 1886 à l’occasion du quatorzième centenaire du baptême de Clovis, dans laquelle il évoquait la vocation spécifique de la femme chrétienne. Curieusement, l’approche de cet historien spécialiste de l’époque mérovingienne, se rapproche de l’enseignement de Jean Paul II. Cela nous rappelle que la notion de « vocation féminine » est universelle et intemporelle.


En 1987, quelques années après ses catéchèses sur la théologie du corps, Jean Paul II proclame une année mariale qu’il inaugure par l’encyclique Redemptoris Mater afin d’approfondir la place de Marie dans le mystère de l’Incarnation à l’approche de l’an 2000, jubilé du bimillénaire de la naissance du Christ. Il conclut cette année mariale en la fête de l’Assomption de l’année suivante par la publication de sa mémorable Lettre apostolique Mulieris Dignitatem sur la dignité de la femme et de sa vocation qui mérite d’être soulignée comme un trait particulier du pontificat de Jean Paul II et de son admiration pour le «mystère de la femme ».

« En l’année mariale l’Eglise désire remercier la Très Sainte Trinité pour le « mystère de la femme », et pour toute femme, pour ce qui constitue la dimension éternelle de sa dignité féminine, pour les merveilles de Dieu qui, dans l’histoire des générations humaines, se sont accomplies en elle et par elle. En définitive, n’est-ce pas en elle et par elle que s’est accompli ce qu’il y a de plus grand dans l’histoire de l’homme sur terre, l’évènement que Dieu lui-même se soit fait homme ? C’est pourquoi l’Eglise rend grâce pour toutes les femmes et pour chacune d’elles. » [1]



Jean Paul II rappelle que la caractéristique essentielle de la femme est sa « capacité de l’autre ». Elle est la valeur fondamentale rattachée à la vie concrète de la femme et qui se révèle en particulier dans sa maternité. Il s’agit d’une intuition liée à sa capacité physique de donner la vie. Qu’elle soit vécue ou en puissance, cette réalité structure la personnalité féminine en profondeur. Elle est inscrite dans la chair de chaque femme qui est faite pour porter l’autre en soi. Jean Paul II souligne dans sa lettre aux femmes que « la force morale de la femme, sa force spirituelle, rejoint la conscience du fait que Dieu lui confie l’homme, l’être humain, d’une manière spécifique ».

Ces propos seront repris plus tard par le cardinal Ratzinger. Ce dernier relève que Jean Paul II souligne dans sa lettre aux femmes ce qu’il appelle « le génie de la femme », expliquant que du fait de la maternité, la femme a, plus sans doute que les hommes, la « capacité de l’autre ». Le cardinal Ratzinger explique que la femme « garde l’intuition profonde que le meilleur de sa vie est fait d’activités ordonnées à l’éveil de l’autre, à sa croissance, à sa protection »[2]. Un accent est mis aussi par la poétesse et romancière allemande Gertrud Von le Fort, l’une des plus grandes théoriciennes chrétiennes de la vocation féminine: « Le mystère de la femme, c’est la puissance d’offrande du monde »[3], écrivit-elle en 1946.

La femme est donc disponible pour accueillir et recevoir. Elle est tendue particulièrement vers la relation à l’autre et fait advenir l’autre à ce qu’il est profondément. Edith Stein résume d’ailleurs très bien cette particularité féminine: « La mission qui lui est assignée d’accueillir en elle un être vivant en gestation et en croissance, de l’abriter et de le nourrir, entraîne un certain repli sur soi ; et le mystérieux processus en vertu duquel une créature nouvelle se forme au sein de l’organisme maternel constitue une unité si intime de l’âme et du corps que l’on comprend fort bien que cette unité ressortit à l’empreinte qui marque toute la nature féminine. »


Ce tour d’horizon ne serait pas juste sans évoquer le célibat consacré, présent tout au long de l’Histoire de l’Église, et qui confère à la féminité et à la maternité leur juste sens, explique encore le cardinal Ratzinger : « De même que la virginité reçoit de la maternité physique le rappel qu’il n’existe pas de vocation chrétienne si ce n’est dans le don concret de soi à l’autre, de même, la maternité physique reçoit de la virginité le rappel de sa dimension fondamentalement spirituelle : à savoir que ce n’est pas en se contentant de donner la vie physique que l’on enfante véritablement l’autre. »[4]

[1] Jean Paul II, Lettre apostolique Mulieris Dignitatem, 15 aout 1988 n° 31 [2] Ratzinger J, Lettre aux évêques sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Église et dans le monde, Congrégation pour la doctrine de la foi, 2004 [3] Von le Fort G, La femme éternelle, Ed. Via Romana, 1946 [4] Ratzinger J, Lettre aux évêques sur la collaboration de l’homme et de la femme dans l’Église et dans le monde, congrégation pour la doctrine de la foi, 2004

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