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Noël littéraire 4/4 : avec Marcel Pagnol

Voici le dernier d'une série de quatre extraits de romans évoquant la fête de Noël. Ils m'ont permis, directement ou indirectement, de réfléchir et mieux cerner la spécificité de cette fête si importante à nos cœurs. Les histoires racontées, très différentes, font écho aux textes liturgiques dans une lecture à la fois personnelle et spirituelle.


Les textes du quatrième dimanche de l'Avent nous parlent de la rencontre imminente avec Jésus qui se fait homme. La prophétie d'Isaïe se réalise, et le Sauveur va marcher sur la terre des hommes. Nous l'attendons avec impatience !


"Voici que la vierge est enceinte,

elle enfantera un fils,

qu’elle appellera Emmanuel."

(Isaïe 7)


L'extrait que j'ai choisi pour cette dernière semaine est issu du Château de ma mère, deuxième tome des Souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol publié en 1957. La vie de famille au pied du Garlaban en Provence est émaillée de savoureuses anecdotes. Le petit garçon n'est pas un "calotin", ça non ! Pourtant, la question de la religion le taraude : "Certes, je savais bien que Dieu n'existait pas, mais je n'en étais pas tout à fait sûr. Il y avait des tas de gens qui allaient à la messe, et même des gens très sérieux. L'oncle lui-même lui parlait souvent, et pourtant l'oncle n'était pas fou."


Décor provençal du Garlaban

Par Cdiot — Travail personnel, CC BY-SA 3.0,


L'épisode dont je vais vous parler se passe pendant le réveillon de Noël. L'oncle en question, seul membre de la famille à s'être rendu à la messe de Minuit, rejoint les siens après la célébration et partage ses impressions (vous pouvez regarder cette jolie scène ici).

- Cette messe, dit l'oncle, a été très belle. Il y avait une crèche immense, l'église était tapissée de romarins en fleur, et les enfants ont chanté d'admirables noëls provençaux du quatorzième siècle. C'est pitié que vous n'y soyez pas venu !

- Je n'y serais allé qu'en curieux, dit mon père, et j'estime que les gens qui vont dans les églises pour le spectacle et la musique ne respectent pas la foi des autres.

- Voilà un joli sentiment, dit l'oncle. D'ailleurs, venu ou non, vous y étiez tout de même ce soir.

Et il se frotta les mains joyeusement.

- Et comment y étais-je ? demanda mon père sur un ton un peu ironique.

- Vous y étiez avec toute votre famille, parce que j'ai longuement prié pour vous !

A cette annonce imprévue, Joseph ne sut que répondre, mais ma mère fit un beau sourire d'amitié tandis que l'oncle se frottait les mains de plus en plus vite.

- Et quelle faveur avez-vous demandée au Tout-Puissant ? dit enfin Joseph.

- La plus belle de toutes : je l'ai supplié de ne pas vous priver plus longtemps de sa Présence, et de vous envoyer la Foi.

Quelle émouvante profession de foi ! J'avoue qu'elle m'a beaucoup touchée. Si seulement j'étais capable de dire cela à ceux qui se moquent ! L'oncle ne se laisse pas impressionner par les railleries, il témoigne tout simplement de l'ardeur qui l'habite et qu'il voudrait allumer dans les cœurs de ceux qu'il aime. C'est la grande mission des chrétiens, ainsi que le rappelle l'apôtre Paul aux Romains :


"Pour que son nom soit reconnu,

nous avons reçu par lui grâce et mission d’Apôtre,

afin d’amener à l’obéissance de la foi

toutes les nations païennes,

dont vous faites partie,

vous aussi que Jésus Christ a appelés."


L'oncle ne fait rien d'extraordinaire : il va à la messe, il se réjouit de la beauté de la liturgie, il prie pour les membres de sa famille... et il leur dit ! C'est un homme tout simple, droit, qui ne se laisse pas prendre aux pièges des débats et des controverses. Il me fait penser à l'homme "au cœur pur" évoqué dans le psaume 71, celui qui se prépare humblement et avec fidélité à la rencontre avec le Seigneur.


"Qui peut gravir la montagne du Seigneur

et se tenir dans le lieu saint ?

L’homme au cœur pur, aux mains innocentes,

qui ne livre pas son âme aux idoles."


Crèche provençale Par Véronique PAGNIER — Travail personnel


Pour conclure cette petite série de l'Avent, je vous souhaite une très belle fête de Noël. Soyons dans cette immense joie de la rencontre avec notre Seigneur et cultivons la paix véritable, en nous libérant de nos entraves pour fêter Noël en enfants de Dieu, sans oublier les plus pauvres d'entre nous. Je termine par cette très belle bénédiction de saint Paul : soyons tous des saints !


"À vous qui êtes appelés à être saints,

la grâce et la paix

de la part de Dieu notre Père

et du Seigneur Jésus Christ."

(Saint Paul aux Romains)

 

Les texte du quatrième dimanche de l'Avent sont sur AELF.

Le film cité est une adaptation d'Yves Robert (1990). Je ne l'ai pas vu mais il semble très fidèle au roman.

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